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Analyse Projet Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris APCADHP
citations à caractère critique, polémique, pédagogique et/ou scientifique des informations

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26 3 2002 : e-llico.com > par la rédaction
http://www.e-llico.com/content.php?section=actu&id=560

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Pédophilie : le CGL dénonce les amalgames
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Homosexualité = pédophilie ?

C’est en constatant que, dans plusieurs affaires judiciaires récentes où la pédophilie est en cause, certains médias faisaient cet amalgame, que le CGL de Paris a décidé de s’indigner dans un communiqué où sont recensés ces dérapages plus ou moins avérés, en comparant "le traitement des affaires de mœurs où la personne entendue est un homme, selon que la victime est un homme ou une femme".

"Avec la récente affaire d'un père qui aurait prostitué ses enfants lors de "soirées homosexuelles", nous constatons que certains média insistent systématiquement sur l'homosexualité prétendue ou avérée des agresseurs dans les affaires de mœurs" écrivent Jenny Legris et Jérôme Kirch, vice-président et président du CGL.

"Le Centre Gai et Lesbien rappelle que l'homosexualité est l'attirance
sexuelle et/ou amoureuse envers une personne du même sexe.
- Elle ne peut être pénalisée car elle respecte le consentement du partenaire.
- L'homosexualité ne peut donc expliquer en aucun cas les comportements délictueux ou criminels qui ont récemment fait l'actualité."

"Ces affaires font aussi apparaître les différences lexicales pour traiter de l'homosexualité, ajoute le communiqué :
- un pédophile agressant des garçons est un homosexuel ;
- un homosexuel sympathique et branché est un gai."

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janvier 2005 > par Maurice Gendre [ Ring ]
http://www.surlering.com/ article.php/id/4832
février 2005 > par [ Tels Quels magazine ] n° 232 : page 12
http://www.telsquels.be/ info_toute.php?secteur_id=11

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Interviews de François Devoucoux du Buysson
- auteur du pamphlet Les khmers roses
http://www.editeur.info/blanche.php
- co-fondateur de l'Observatoire du communautarisme
http://www.communautarisme.net/
- et rédacteur en chef de la lettre satirique Le Perroquet libéré
http://www.leperroquetlibere.com/

Il dresse pour Ring un tableau peu reluisant de la vie politique parisienne. Il dénonce la démagogie de Delanoë et la lâcheté de la droite.

Alors que la droite ne compte déjà plus les candidats à la candidature : Panafieu, Tibéri, Goasguen, Lellouche, Bernard Debré, Bernard Bled ( récemment mis en examen pour détournement de fonds ), et même Villepin, Douste, Lamour ainsi que Borloo ( d'après ce qui se murmure dans les coulisses ),
la gauche continue sereinement sa politique communautariste sans que l'opposition ne s'en émeuve plus que cela.

- Lire aussi l'article : Delanoe : la politique du tout à l'ego
http://www.surlering.com/ article.php/id/4726
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Ring :

- Quel regard portez-vous sur l'opposition municipale parisienne ?

François Devoucoux du Buysson :

- Abstraction faite du manque cruel de leaders, la stratégie de la droite est inexistante : elle a sombré dans le mutisme. Ils ont abandonné le terrain politique. Ils pensent, à tort, qu'ils reprendront du terrain sur le maire de Paris en surfant également sur des thématiques comme la propreté, la proximité, la vie quotidienne ( les bouchons ) ... Ils participent aussi à la dépolitisation du débat à Paris. En revanche, on les attend toujours sur la politique du logement. Si ce n'est pour critiquer les choix de Delanoë sans proposer la moindre alternative.

Sur les fêtes, ils sentent bien que l'opinion publique est agacée, mais, en même temps, ils ont assuré qu'en cas de victoire ils garderaient Paris-Plage. Ils font les mêmes reproches à Delanoë que les riverains durant les comptes-rendus de mandat. Ils râlent sur l'état des rues ou les crottes de chien... Mais ne jugent jamais la politique globale. Et puis, il n'y a pas une propreté de gauche ou une propreté de droite. C'est une absurdité.

- Décortiquer les subventions comme Le Perroquet libéré essaie de le faire, l'opposition municipale n'y pense même pas. A l'exception des arrondissements qui concernent directement tel ou tel élu. Goasguen ( leader UMP au Conseil de Paris, NDLR ) est quasiment incollable pour le XVIe par exemple. Mais ça ne suffit pas.
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Ring :

- La droite ne dénonce jamais l'activisme homosexuel et la politique ouvertement communautariste de Delanoë. Pourquoi ?

François Devoucoux du Buysson :

- Elle a peur d'être accusée d'homophobie. Quand Panafieu dans VSD s'est émue - à juste titre - de la présence du maire de Paris en tête de cortège à la Gay Pride, elle s'est faite insultée partout. La presse a relayé complaisamment les communiqués haineux qui émanaient d'associations homosexuelles.
Effectivement, cela peut calmer les plus valeureux. Pourtant, il y a des choses à dire.

- Le Centre d'Archives Gays et Lesbiens [ projet de Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ( AP CADHP ) ] est un gouffre financier, et n'a toujours pas vu le jour. Cent mille euros lui ont été attribués, voilà deux ans. C'est la gabegie.

Le responsable, un personnage sulfureux, a été viré récemment parce qu'il n'a rien foutu. C'est un vieux militant des années 70. Il justifie notamment la pédophilie. Il s'appelle Jean Le Bitoux : le fondateur de Gai-Pied.

Stupidement, la droite avait voté pour ce projet, histoire d'éviter les ennuis. Résultat, ce « machin » a été voté à l'unanimité et maintenant la droite peut difficilement faire entendre sa voix sur cette question.

- Un festival de films, Cineffable, a également été interdit aux hommes. Et la droite n'a strictement rien dit. Et là encore : quinze mille euros de subventions.

La droite ne précise même pas que toutes ces mesures n'étaient inscrites nulle part dans le programme de Delanoë. Il s'agissait uniquement de promesses écrites faites à des assoc' gay pendant la campagne.

Mais ce n'est pas tout : des clubs de sports gays et lesbiens ont bénéficié d'horaires aménagés pour s'entraîner dans les stades parisiens ! On imagine le tollé si c'était l'UOIF qui avait formulé une telle demande.

[...]

26 9 2002 : communiqué interassociatif de l'APGL, SOS homophobie et Gais et Lesbiennes Branchés
http://www.france.qrd.org/ assocs/sos/read_cp.php? cp=cp020926.html

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Adoption :
l'APGL, SOS Homophobie, Gais et Lesbiennes Branchés
dénoncent les propos homophobes de l'association SOS Papa

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L'association SOS PAPA s'est autorisée, dans la lettre interne envoyée par e-mail à ses sympathisants,
- à des propos discriminatoires homophobes particulièrement agressifs vis à vis de certaines associations homosexuelles,
- sous le titre « les homos veulent pouvoir adopter des enfants ».

Après s'être moqué du PaCS (« fac-similé du mariage »), l'auteur tente de dresser sa liste des arguments mis en avant par les homosexuels désireux d'adopter un enfant,
- dans un style clairement belliqueux
- ("les homos s'attaquent aux enfants des autres. Ils veulent pouvoir adopter nos enfants sans en faire").
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L'auteur se permet ensuite d'amalgamer homosexualité et pédophilie, avançant des chiffres parfaitement infondés
- ("homosexualité et pédophilie sont proches à 20%")
- destinés certainement à donner un contenu pseudo-scientifique à son flot d'inepties.

Avec une délectation suspecte, le représentant de SOS PAPA rapproche également l'homosexualité et l'échangisme ou même... la zoophilie !
Rappelons que si certaines pratiques sont des déviances, l'homosexualité, elle, est une orientation sexuelle tout comme l'hétérosexualité.
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Par ailleurs, l'auteur ne cache plus ses intentions lorsqu'il conclut en déformant les adresses internet d'Act-Up, SOS Homophobie et le site Internet France.qrd.org pour les enrichir du mot « orgasme ».
- Nous ne pouvons que protester contre ces insultes gratuites à notre encontre, et à travers nous à l'encontre des homosexuels.

Si SOS PAPA a, dans un second communiqué, tenté d'excuser l'agressivité de ces propos,
- nous déplorons que cette association n'ait pas choisi de remettre en question la position qu'elle défendait initialement vis à vis de l'adoption par les homosexuels.
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De plus, elle n'hésite pas à s'attaquer également
- aux « lesbio-féministes »
- puis aux célibataires qui élèvent seuls un enfant,

et reprend sa liste d'arguments contre l'adoption, la monoparentalité et l'homoparentalité.

- Nous protestons évidemment contre les propos diffusés par cette association.
- Nous n'avons jamais pris position contre les pères de familles hétérosexuels, comme semble le penser le représentant de SOS PAPA.

Chacun est libre de défendre sa propre vision de l'éducation des enfants, d'un schéma parental « idéal », de l'homoparentalité.
- Mais il est inadmissible qu'une association qui se veut respectable véhicule des idées de rejet et de stigmatisation des homosexuels et des femmes.

Si les valeurs défendues par cette association sont le rejet, l'insulte, la fermeture d'esprit, le machisme et le refus des différences, on comprendra que nous contestions le caractère pédagogique des leçons qu'elle veut nous donner.
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Gais et Lesbiennes Branchés
www.France.qrd.org
Contact presse : Pierre Léonard : 06 62 83 47 44

SOS homophobie
BP177
75523 Paris cedex 11
www.sos-homophobie.org
Contact presse : Ronan Rosec : 06.81.04.91.76

APGL (Association des Parents et futurs parents Gays et Lesbiens)
BP 255
75524 Paris cedex 11
01 47 97 69 15
www.apgl.asso.fr
Contact presse : 06 16 66 56 91

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9 9 2002 : citegay.fr > par F.H.
http://citegay.fr/ ACTUALITES/GAY/ 00/00/219198/ actualites_visu.ht
bouclier.org
http://www.bouclier.org/ article/515.html

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Actualites Gay

Assises de Melun : la colère de SOS Homophobie
L'association dénonce l'amalgame entre pédophilie et homosexualité

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A chaque compte-rendu, on a envie de bondir et de hurler. SOS Homophobie a décidé de le faire pour nous tous :
- le procès pédophile de Melun prend des allures très inquiétantes de chasse aux sorcières homosexuelles avec des amalgames à la pelle.

-"Certains accusés ont choisi comme mode de défense de mettre en avant leur homosexualité, n'hésitant pas à y amalgamer le caractère pédophile de leurs actes.
- Certains médias se sont autorisés à véhiculer ces idées aussi préconçues que dangereuses.

SOS Homophobie tient à rappeler que pédophilie et homosexualité n'ont rien en commun.
- Tout comme l'hétérosexualité, l'homosexualité est une orientation sexuelle,
- alors que la pédophilie est une déviance sexuelle", estime l'association.

Pour SOS Homophobie,
- "ce procédé peu scrupuleux (l'amalgame entre l'homosexualité et les pulsions ou pratiques pédophiles) signe sans conteste l'homophobie des personnes qui en usent.
- A-t-on jamais vu soulignée ou suggérée une relation de causalité entre l'hétérosexualité et le goût de certains messieurs pour les petites filles, sans parler des pères incestueux ?".

L'association appelle donc les médias à une plus grande vigilance face à cette confusion malheureusement trop répandue qui contribue à la stigmatisation injustifiée des homosexuels.

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9 9 2002 : SOS homophobie > communiqué
http://www.france.qrd.org/ assocs/sos/read_cp.php? cp=cp020909.htm

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Assises de Melun :
SOS homophobie dénonce l'amalgame dangereux
entre pédophilie et homosexualité

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Lors du procès en assises de membres du réseau pédophile de Chelles, certains accusés
- ont choisi comme mode de défense de mettre en avant leur homosexualité,
- n'hésitant pas à y amalgamer le caractère pédophile de leurs actes.

Certains médias se sont autorisés à véhiculer ces idées aussi préconçues que dangereuses.
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SOS homophobie tient à rappeler que pédophilie et homosexualité n'ont rien en commun.
- Tout comme l'hétérosexualité, l'homosexualité est une orientation sexuelle,
- alors que la pédophilie est une déviance sexuelle.

Ce procédé peu scrupuleux (l'amalgame entre l'homosexualité et les pulsions ou pratiques pédophiles) signe sans conteste l'homophobie des personnes qui en usent.

A-t-on jamais vu soulignée ou suggérée une relation de causalité
- entre l'hétérosexualité et le goût de certains messieurs pour les petites filles,
- sans parler des pères incestueux ?

SOS homophobie appelle donc les médias à une plus grande vigilance face à cette confusion malheureusement trop répandue
- qui contribue à la stigmatisation injustifiée des homosexuels.
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SOS Homophobie
BP 177 - 75523 Paris cedex 11
www.sos-homophobie.org
[ http://www.france.qrd.org/assocs/sos/ ]
contact presse : Ronan Rosec : 06.81.04.91.76

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26 3 2002 : e-llico.com > par la rédaction
http://www.e-llico.com/ content.php? section=actu&id=560

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Pédophilie : le CGL dénonce les amalgames
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Homosexualité = pédophilie ?

C’est en constatant que, dans plusieurs affaires judiciaires récentes où la pédophilie est en cause, certains médias faisaient cet amalgame, que le CGL de Paris a décidé de s’indigner dans un communiqué où sont recensés ces dérapages plus ou moins avérés, en comparant "le traitement des affaires de mœurs où la personne entendue est un homme, selon que la victime est un homme ou une femme".

"Avec la récente affaire d'un père qui aurait prostitué ses enfants lors de "soirées homosexuelles", nous constatons que certains média insistent systématiquement sur l'homosexualité prétendue ou avérée des agresseurs dans les affaires de mœurs" écrivent Jenny Legris et Jérôme Kirch, vice-président et président du CGL.

"Le Centre Gai et Lesbien rappelle que l'homosexualité est l'attirance
sexuelle et/ou amoureuse envers une personne du même sexe.
- Elle ne peut être pénalisée car elle respecte le consentement du partenaire.
- L'homosexualité ne peut donc expliquer en aucun cas les comportements délictueux ou criminels qui ont récemment fait l'actualité."

"Ces affaires font aussi apparaître les différences lexicales pour traiter de l'homosexualité, ajoute le communiqué :
- un pédophile agressant des garçons est un homosexuel ;
- un homosexuel sympathique et branché est un gai."

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8 3 2002 : monchoix.net > la rédaction
http://www.monchoix.net/ homophobie/ la-confusion-entre-homosexualite -et-pedophilie- article273.html

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Dossier Homophobie :

La confusion entre homosexualité et pédophilie
UN AMALGAME DANGEREUX

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L’homosexualité désigne les rapports, ou simplement l’attirance sexuelle, que peuvent avoir les unes pour les autres des personnes du même sexe.

La pédophilie désigne l’utilisation par un adulte d’un enfant impubère comme objet sexuel, quel que soit le sexe de l’enfant concerné.
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A première vue, cela n’a rien à voir, et pourtant ...

Il se passe rarement une semaine sans que les médias ne dérapent sur le sujet.
- Presque toujours, lorsqu’une affaire de pédophilie est traitée et que la victime est de même sexe que l’auteur des faits, on parle du pédophile comme d’un homosexuel.
- Alors que les pédophiles hétérosexuels ne suscitent pas ce genre d’amalgame.

Les pédophiles eux-mêmes s’efforcent d’utiliser cette confusion.
- Un prêtre pédophile a parlé pendant son procès de sa difficulté à vivre son homosexualité dans l’Eglise afin de justifier ses actes.
- De nombreux médias ont repris ces propos sans recul.
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Cet amalgame entre homosexualité et pédophilie est lourd de conséquences dans le débat public.

Les peurs suscitées par l’homoparentalité sont étroitement liées à cette confusion.
- Pour s’en convaincre, il suffit de lire quelques lignes signées par l’un des plus brillants historiens de sa génération, Emmanuel Le Roy-Ladurie : "le fait de confier des enfants à des couples homosexuels masculins [...] ne manquera pas d’accroître encore les risques pédophiliques qui sont déjà en plein essor."
- Les manifestants du 31 janvier 1999 ne sont pas allés bien plus loin en écrivant sur une pancarte que : "Les homosexuels d’aujourd’hui sont les pédophiles de demain."
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De cet amalgame, l’histoire du mouvement homosexuel porte une part de responsabilité.

La manière dont des homosexuels célèbres, dans une société plus violemment homophobe que la nôtre, ont tenté de justifier leur orientation, contribue encore aujourd’hui à cette confusion.
- A un moment où tout discours public sur l’homosexualité était impossible, de nombreux intellectuels ont utilisé la comparaison avec l’antiquité grecque pour essayer de donner une image positive.
- Et les Grecs ne concevaient l’homosexualité comme socialement acceptable qu’entre un adulte jouant un rôle d’initiateur au sens large, et un jeune pour lequel cette relation était une transition vers sa vie d’homme, et une éducation aux valeurs politiques et militaires de la cité (voir l’homophobie dans l’histoire > 272).
- Oscar Wilde et André Gide ont abondament utilisé cette référence pour rendre l’homosexualité présentable, comme jouant un rôle dans la transmission des valeurs viriles.

Cette justification de l’homosexualité est aujourd’hui datée, certes, mais ni [André] Gide ni [Oscar] Wilde n’étaient pédophiles.
- Ils n’ont ni glorifié ni pratiqués l’utilisation d’enfants impubères comme objets sexuels.
- Et les pédophiles qui utilisent aujourd’hui la référence à l’antiquité pour justifier leurs fantasmes ou, hélas, leurs actes, sont intellectuellement malhonnêtes.
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Encore considérée avec complaisance il y a trente ans, la pédophilie est aujourd’hui unanimement condamnée.

Cette condamnation, aussi indiscutable que nécessaire dans son principe, ne doit cependant pas être instrumentalisée par le discours homophobe, et au nom d’un juste combat - la protection des enfants - servir de caution à cette doctrine de haine qu’est l’homophobie.

Car l’amalgame va loin. Au lieu de sembler naturelle, la différence d’âge dans un couple est une difficulté supplémentaire aux yeux de la société.

Un exemple symptomatique : les producteurs du téléfilm Juste une question d’amour ont hésité avant de retenir Cyrille Thouvenin pour le rôle principal.
- Ils avaient peur que le physique très juvénile de l’acteur ne provoque des confusions entre homosexualité et pédophilie.
- Finalement, cela n’a pas été le cas, et le film a connu le succès qu’on sait.
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L’homosexualité n’a plus besoin de se chercher des justifications dans la pédérastie de l’antiquité.

Pour le reste, un seul moyen : répéter inlassablement ces quelques vérites.
- Que l’amour n’est pas le viol.
- Qu’aimer les hommes n’implique pas plus le fait de rechercher les petits garçons que le fait d’aimer les femmes n’incite à violer les petites filles.
- Que ce que font des personnes en âge de consentir valablement à des rapports sexuels ne concerne que leur intimité.

Et surtout que ce n’est pas en cherchant des boucs émissaires que l’on fera quelque chose pour prévenir les actes pédophiles,
- ni que l’on pourra comprendre ce qui conduit certaines personnes à commettre de tels actes,
- ni que l’on pourra prévenir ces actes et pas seulement empêcher tant bien que mal la récidive.

La lutte contre la pédophilie mérite beaucoup mieux qu’une récupération homophobe.

Monchoix.net
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Pour les justifications littéraires, on peut se reporter à :

- Odon VALLET, L’affaire Oscar Wilde (collection Folio)
- André GIDE, Corydon (collection Folio)
- Didier ERIBON, Réflexions sur la question gay (Fayard)
particulièrement la 2e partie "Spectres de Wilde" pour une lecture critique de Gide et de Wilde

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19 12 2001 > communiqué de presse de l'AP CADHP [ Association de Préfiguration du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ]
Bonjour à tous, nous vous remercions de bien vouloir prêter attention au communiqué de presse ci-dessous et de lui donner le meilleur écho.
Merci. Ce message vous a été adressé par Franck ANTONI, membre de la Commission Internet du CADHP

=> Communiqué de presse
Depuis le printemps 2001, une petite équipe, structurée en association, travaille à l'élaboration d'un projet de Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ( CADHP ).
Ce Centre aurait pour vocation de regrouper, inventorier, conserver et mettre à disposition du public les traces de l'histoire de l'homosexualité en France.
Un projet d'une telle ampleur nécessite un appui politique. Les premiers contacts pris avec la Mairie de Paris se sont révélés très fructueux.
Interviewé dans Illico du 13 décembre, Bertrand Delanoë, Maire de Paris, a déclaré :
- Je souhaite que ce projet voit le jour, à l'instar de ce qui existe dans d'autres capitales. L'horizon serait plutôt 2003.
En tout état de cause, le dossier est porté par des personnes compétentes et sérieuses.
Nous examinons d'ailleurs sérieusement la possibilité de les aider à réaliser une étude de faisabilité précise, dès cette année.

Les personnes intéressées par cette initiative peuvent s'abonner à notre liste de diffusion, Archives gay : http://fr.groups.yahoo.com/ group/archives-gay/ pour être informées de l'évolution du projet,
=> Le dossier présenté à la Mairie de Paris : http://www.madfix.com/ Ledossier/DossierCADHP.html
Pour toute information en complément du présent communiqué, les journalistes peuvent contacter Philippe BOT', [ trésorier ] membre du bureau du CADHP, par e-mail : mail to cadhp@madfix.com

19 12 2001 > déclaration légale à la Préfecture de Police de Paris de l'AP CADHP
=> création officielle de l'Association de Préfiguration du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ...
- Objet : mettre en place à Paris, par tous moyens appropriés, un centre d’archives et de documentation sur les minorités sexuelles, qui sera mis à la disposition de toute personne désireuse de se documenter et/ou de conduire des recherches sur les sexualités minoritaires.
- Siège social : 33, rue Richer, 75009 Paris ...
=> Publication légale de l'enregistrement de l'AP CADHP [ Journal Officiel ] 26 1 2002

19 12 2001 > création de l'Association de Préfiguration du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ( AP CADHP ) [ déclaration à la Préfecture de Police de Paris ]
[...] de procéder à la déclaration de l'association dite " Association de Préfiguration du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ",
dont le siège est à Paris IXème, au 33 de la rue Richer : chez M. Jean Le Bitoux.
Cette association a pour objet :
mettre en place à Paris, par tous moyens appropriés, un centre d’archives et de documentation sur les minorités sexuelles, qui sera mis à la disposition de toute personne désireuse de se documenter et/ou de conduire des recherches sur les sexualités minoritaires.
Les personnes chargées de son Administration ou de sa Direction sont
- M. Miles Christopher [...] : président ,
- M. Bot' Philippe
[...] : trésorier ,
- M. Le Bitoux Jean
[...] : secrétaire. [...]

29 3 2001 > par J.-F.L. [ illico n° 26 ] page 12
# http://v2.e-llico.com/ article-retro.htm? articleID=4 &rubrique=actu &oldRubrique=actu
# http://v2.e-llico.com/ article-retro.htm? articleID=4 &rubrique=voyages &oldRubrique=voyages
# http://v2.e-llico.com/article-retro.htm? articleID=4& rubrique=portraits &oldRubrique=portraits

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Les pédophiles,
boucs émissaires des homos
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Ancien co-fondateur et rédacteur en chef de "Gai Pied", Jean Le Bitoux, observateur engagé, depuis les années 70, revient sur les rapports entre militants homos et militants pédophiles :
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L’enfant

En France, l’homosexualité vient d’une culture pédophile avec André Gide.
En 1968, il existait même un comité d’action pédérastique révolutionnaire.
Dans le discours du GLH à partir de 1975, il y a tout un héritage du FHAR notamment sur la question pédophile. A l’époque, il s’agissait de libérer son corps, libérer ses fantasmes. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque-là la majorité est à 21 ans, ce qui est bien tard.
Dans les années 70 , tout est à libérer y compris l’enfant qui est corseté comme la femme, comme l’homosexuel.
Aujourd’hui, on ne parle plus du tout du même enfant. L’enfant des années 70 était l’esclave d’une vieille civilisation, l’enfant d’aujourd’hui est extrêmement sacralisé.
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Gai Pied

Cela ne coulait pas de source pour tout le monde. J’ai régulièrement été inquiet, par rapport à des articles relativement audacieux, de représailles judiciaires.
Dans les années 70 déjà, la pédophilie est un sujet tabou. Il y avait cependant une conscience collective qu’il fallait libérer tout cela.
René Schérer [ philosophe très engagé en faveur de la pédophilie, ndlr ] expliquait : pendant que tout le monde se libère, il ne faut pas oublier l’enfant.
Je crois, concernant "Gai Pied", qu’est resté parfaitement gravé le souvenir de toutes nos adolescences homosexuelles. J’ai attendu 21 ans avant d’être majeur officiellement. Mon adolescence homosexuelle est passée à la trappe.
Ces années ont été assez douloureuses pour pas mal de gens de ma génération. Le tabou de la pédophilie cache toute cette période où on est adolescent, où on a des désirs mais où on reste en carafe parce que rien n’est possible.
C’est cela dont se souvient la génération de l’équipe "Gai Pied" à la fin des années 70.
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Duvert

Tony Duvert [ écrivain très engagé en faveur de la pédophilie, ndlr ] tenait une rubrique dans "Gai Pied" où il affirmait : la question pédophile existe et certains gays sont pédophobes et ils considèrent que l’émancipation des homosexuels se fera sur le dos des pédophiles.
On a inventé un homosexuel qui laisse de côté la question pédophile.
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Le Coral

La date symbolique et funeste, c’est 1982, celle de l’affaire du Coral. La gauche est au pouvoir et l’extrême droite sort une affaire complètement farfelue, selon laquelle de grands intellectuels de gauche et des politiques iraient visiter régulièrement un centre pour jeunes ayant des difficultés psychologiques pour y avoir des ébats.
Il y avait là une machination médiatico-politique qui a fait peur à tout le monde.
L’affaire du Coral constitue un arrêt, non pas de la pédophilie, mais de la réflexion sur cette question.
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Bouc émissaire

Aujourd’hui, je pense que les pédophiles sont toujours les boucs émissaires des homosexuels.
Le débat n’est plus du côté d’un espace de liberté que les pédophiles n’ont toujours pas mais du côté de la jeunesse des homosexuels.
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novembre 2001 : journal No Pasaran n° 81 > par Josefina Gamboa
http://nopasaran.samizdat.net/
penelopes.org
http://www.penelopes.org/ article.php3? id_article=2284

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Homophobie ... peur de soi même ?
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Le terme « homosexuel » est assez récent à en lire les écrits de Marie-Jo Bonnet :
- « En 1869, Karoly Maria Benkert, (...), emploie pour la première fois le mot « homosexuel » dans une lettre ouverte au ministre allemand de la Justice, Leonard, écrite dans le but de supprimer de la législation pénale le paragraphe 143 réprimant les relations sexuelles entre hommes » [1].

Auparavant, on utilisait des termes tels que « sodomite », « pédéraste », ou tout autre mot péjoratif désignant des relations considérés « contre nature ».
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Quant aux femmes, ce sont les mots « tribadisme », « lesbianisme », qui ont qualifiés leurs relations des siècles durant.
- Jusqu’au XXème siècle, les lesbiennes ont bénéficié d’une certaine indulgence, on parlait davantage de « tendre amitié » pour évoquer les relations de deux femmes entre elles.

Seuls la pénétration et le pénis ayant une valeur, les lesbiennes ont souvent échappé aux législations anti homosexuelles et d’une façon générale à une partie des préjugés discriminatoires de l’opinion commune
- (même si des générations d’hommes de lettres, d’érudits, de médecins et plus récemment de psychiatres se sont évertués à condamner les plaisirs clitoridiens et à édicter des normes sexuelles).
- Cependant, il ne faut pas oublier qu’en tant que femmes, et comme toutes les autres, leur statut et leurs libertés étaient limités.
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A la fin du XIXe, les psychiatres, bien occupés à mettre au jour la pathologie sexuelle, théorisent « l’homosexualité » et vont reprendre des termes issus de la médecine officielle, tombés en désuétude au fur et à mesure des recherches.
- Un exemple : le discours sur le « clitorisme », mis en place à la moitié du XVIIe, sera développé par le Dr. Fournier [2], mais abandonné le temps où les artisans de l’ordre moral quittèrent le terrain des maladies physiques pour trouver un nouveau débouché à leurs envies castratrices dans les maladies mentales.
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Homosexualité, pédophilie

La totalité des ignominies, des théories élaborées (sans aucun doute, finalement par des frustrés, des fabricants de morales, des partisans du conditionnement humain ...) n’ont heureusement pas traversé les siècles jusqu’à nous, les démonstrations scientifiques et le ridicule en ayant anéanti bon nombre !

Cependant, il est des convictions homophobes qui tiennent encore aujourd’hui et qui prennent racines, il y a plus de 2 000 ans.
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Je pense ici plus particulièrement à l’association homosexualité - pédophilie.

Cet amalgame tient ses origines de la Grèce antique où les jeunes (plutôt les nobles), considérés comme disciples, avaient un maître chargé de leur éducation.
- Les relations « éraste-éromènes » comportaient également l’apprentissage de la sexualité.
- Ceci-dit, une fois le jeune devenu mâture, plus question de revoir son maître.
- D’ailleurs, en Grèce, ce sont surtout les philosophes qui ont encensé l’homosexualité ( comme tremplin vers l’amour pur, dématérialisé), alors que pour le reste, elle était communément condamnée en dehors des relations initiatiques d’un éraste avec un éromène.
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Il est fort à parier que ceux qui entretiennent l’amalgame aujourd’hui entre homosexualité et pédophilie (sous la grande catégorie du « contre Nature »),
- n’en connaissent même pas l’origine
- et ne peuvent pas non plus expliquer rationnellement pourquoi ils le véhiculent.

On peut aussi se demander si ces homophobes-là ont un cerveau (ou s’ils en font usage) puisque 90% des affaires récentes de pédophilie ont concerné des hétérosexuels (conclusion ?).

Au passage, je ferais remarquer que pour bon nombre de gens « l’homosexuel pédophile » est forcément un homme,
- ce qui sous-entend que seuls les petits garçons sont victimes de pédophilie,
- ce qui, loin de la vérité, est en plus implicitement misogyne (les attouchements d’adultes sur petites filles n’auraient-ils aucune importance ?, ou seuls les petits garçons seraient-ils attirants ?)
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Remarque sur la famille

Une bonne partie des préjugés homophobes contemporains ne datent pas d’aujourd’hui et sont le fruit d’intoxications culturelles et religieuses.
- J’emploie le terme culture au sens politique, les mots « culture judéo-chrétienne » signifiant simplement qu’au fondement d’une organisation socio-politique (en France, étatique), se trouvent certaines idées, sur lesquelles reposaient déjà des religions.

L’exemple même est celui de la famille.
- Il a toujours était plus facile de contrôler mentalement et physiquement une population lorsqu’elle est répartie en petits groupes d’individus stables.
- A tous les assoiffés de pouvoir, la famille est apparue très tôt comme pilier de la conservation d’un ordre qui n’a pas mis longtemps, dans l’histoire de l’occident, à être établi.
- Devenus sacro-saints, les liens de sang sont encore primordiaux pour bien des occidentaux.
- Après des siècles de conditionnement moral, ça fonctionne encore aujourd’hui, même de façon laïque.
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Lors des campagnes contre le PACS, une affiche d’un syndicat étudiant d’extrême droite [3] présentait une famille dans un panneau de circulation en triangle, sous-titrée « PACS, attention, famille en danger ».
- Au delà de la fausseté de cette affirmation, on peut se demander pourquoi il serait si grave de passer, par exemple, d’un mode privé (donc parcellaire) d’éducation des enfants à un mode collectif ?
- Mais, ne nous emballons pas, les partisans du PACS, comme de l’homo-parentalité n’en sont pas vraiment à se poser ce genre de question.

Bon, bref, si je trouve aberrant que tant de gens gobent les discours sur la « Famille », il n’en est pas moins qu’elle est tellement intégrée comme « fait naturel », que ce qui s’en écarte est atypique et des fois anormal.
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Les homosexuel-le-s sont donc des anormaux, pour l’instant.
- Pour l’instant parce que, ne nous illusionnons pas, beaucoup d’homosexuel-le-s ne cherchent pas à construire autre chose, mais à rentrer dans la norme, à être considéré-e-s comme « normaux ».
- Et même si l’on peut penser le mariage entre homos et l’homoparentalité comme des avancées anti sexistes, c’est surtout la grande valeur de la Famille qui retrouvera son piédestal (d’avantage mise en danger par la mono-parentalité, par exemple).
- Les normes sexuelles en prendraient un coup, l’homophobie reculerait probablement dans certaines régions, sur certains aspects, mais le patriarcat n’en serait pas pour autant inquiété.

M’enfin, aujourd’hui et ici, la Famille est monogamique et hétéro-normée ;
- l’homophobie latente de la culture judéo-chrétienne prend racine, en grande partie, dans cet état de fait inculqué dès le plus jeune âge et auquel se raccrochent maniaquement et inconsciemment des millions d’individus sur terre.
- Ajoutez à cela une bonne « politique nataliste bureaucratique » [4] et l’on a toutes les chances d’assister longtemps encore à certaines manifestations d’homophobie.
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La pre-orientation sexuelle

De manière générale, la démarche que met en avant Daniel Borillo [5] consiste à ne pas stigmatiser l’homophobie comme anomalie sociale horrible et monstrueuse, mais bien plutôt à démontrer la place qu’elle détient dans l’organisation de la société actuelle.
- Il l’identifie donc tout d’abord comme relevant structurellement du sexisme.

Se référant aux travaux du sociologue Daniel Welzer-Lang [6], il écrit :
- "l’homophobie générale n’est qu’une manifestation du sexisme, c’est-à-dire de la discrimination des personnes en fonction de leur sexe ( mâle / femelle ), et plus particulièrement de leur genre ( féminin / masculin ). […]
- Et lorsqu’on lance « pédé ! », on dénonce le plus souvent un non-respect des attributs masculins « naturels », plutôt qu’on ne songe à la véritable orientation sexuelle de la personne ».

Les diktats genrés de la société moderne, qui obligent les garçons et les filles à construire leur identité en rapport avec les stéréotypes masculins et féminins, sont donc mobilisés à nouveau pour discriminer toute personne qui s’écarte du « droit chemin ».

Mais au-delà de ce rapport aux comportements, c’est aussi la sexualité en elle-même que questionne Borillo.
- Pour lui, l’homophobie se construit grâce au statut de normalité conféré à l’hétérosexualité.
- On sait aujourd’hui le caractère profondément construit et donc relatif de la sexualité humaine (même dans des mises en situation érotiques, les enfants sauvages ne possèdent pas de désir sexuel [7], et pourtant, l’hétérosexualité apparaît toujours comme allant de soi.
- Ainsi, la porte est ouverte à toutes les théories différentialistes qui, sous couvert de considérer l’homosexualité comme simplement déviante, justifient alors tous les traitements spécifiques et inégalitaires, y compris en Droit.

L’hétérosexualité masculine (réciproquement féminine), au même titre que les comportements considérés comme virils (réciproquement féminins), sont donc deux facettes d’un même stéréotype social : le « vrai » homme (la « vraie » femme).

Le rejet des personnes échappant à cette catégorisation (homosexuel-le-s, hommes éffeminés ou femmes masculines…) permet donc de se rassurer sur sa propre « normalité ».

Pour citer Daniel Borillo : « le stéréotype joue un rôle psychologique majeur, puisqu’il permet d’apaiser l’angoisse identitaire de se voir un jour déserter son statut ou de se faire rejeter par son groupe d’appartenance, surtout lorsque celui-ci apparaît comme le modèle à suivre ».
- C’est donc en opposition à des a-typiques, à des a-normaux, que la personnalité masculine peut se construire.
- Dit autrement, c’est dans le rejet de l’homosexuel que le genre masculin se constitue.
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Selon C. Gentaz : « l’homophobie, en raison de sa fonction sociopsychique, préserve, tel un condom, les hétérosexuels de la féminité en empêchant toute forme d’intrusion masculine extérieure : c’est une douanière du genre masculin. Nous pourrions dès lors supposer que l’homophobie est constitutive de la psychogenèse de tout individu masculin ».
- Voici donc la thèse principale de l’auteur exposée.
- L’homophobie n’est pas une anomalie de la société moderne, mais un de ses piliers.
- Ni excroissance monstrueuse, ni phobie irrationnelle, la peur et le rejet de l’homosexualité sont des principes organisateurs de la personnalité des individus, dans le plus pur respect des genres sexués préétablis.

On conditionne les enfants à devenir ces hommes et femmes par un ensemble d’attentes, d’exigences, d’attitudes, de cadeaux, de remarques, d’apprentissage manuels et intellectuels différenciés selon le sexe de l’enfant que l’on a devant soi [8].
- Il ne s’agit pas d’une simple répartition dans l’organisation de la vie en général, mais de confiner les femmes dans des rôles d’infériorité et de soumission à l’égard du « sexe fort ».
- Un enjeu majeur à la clé ... le pouvoir sur autrui, celui qui permet de disposer d’un ou de plusieurs êtres humains pour son plaisir, pour satisfaire son orgueil (sentiment très gourmand et exigent si on ne le refuse pas) en s’affirmant supérieur, puisqu’au dessus d’autres individus.

Pour que ça marche bien et longtemps, il faut que l’ensemble des hommes acceptent d’incarner, de valoriser et d’imposer à l’ensemble des femmes leur domination.
- De la même façon, il faut que tout un chacun soit persuadé que la marche de la vie, c’est faire des enfants, c’est trouver quelqu’un-e- avec qui réaliser cela.
- Chaque individu qui refuse d’être englouti dans ces ensembles ou dont les comportements dérogent à ceux sensés découler « naturellement » de cette grande division entre hommes et femmes, déstabilise, met en péril « l’ordre naturel des choses ».

Alors, avant que les enfants aient pu réfléchir à leur attirance, leurs sentiments les uns envers les autres, on se charge de leur fixer des cadres à l’amour.
- Thatcher, qui pensait que l’homosexualité se propage quand on en parle, avait interdit qu’il en soit fait mention dans les manuels scolaires.

Mais regardons en France, pas besoin de décret, je n’ai trouvé aucune histoire d’amour entre deux personnes du même sexe dans les manuels scolaires [9].
- Je partage avec George Orwell l’idée selon laquelle il faut commencer par supprimer les mots qui s’y réfèrent lorsqu’on veut faire disparaître quelque chose (une idée, un sentiment ... voire même quelqu’un) [10].
- Et, par conséquent, il est homophobe de nier certains sentiments, certaines relations humaines en ne les mettant pas en scène, en ne permettant pas de mettre des mots dessus.

De plus, c’est bien souvent lorsque l’on ne peut (ou ne veut) pas mettre de mots raisonnés sur des choses que l’on sent, que l’on voit (...), que se forment des gènes, des peurs, voire des phobies.
- Les peurs de l’homophobe sont « apprises au berceau, réitérées durant l’enfance, envers ce qu’on dit étrange, non conforme, « monstrueux » [11].
- Alors, à quand l’homosexualité « inscrite dans les manuels scolaires avec la même clarté que les relations hétérosexuelles » ? [12].
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C’est sûr, pas tant que, chez une majorité d’adultes, le pénis sera une valeur, sainte et sûre, qu’être pénétré-e- sera l’apanage de l’inférieur(e), que la sodomie sera prise pour la pratique la plus fréquente des homos et que les actes sexuels sans pénétration seront considérés comme une forme de sexualité incomplète.
- Le concept de « pré-orientation sexuelle »n’est donc pas vide de sens.
- Et, pour ceux et celles qui n’attendront pas d’être marié-e-s, d’avoir des enfants, pour s’apercevoir, se révéler leurs homosexualités, rien, du côté de la découverte, de l’affirmation de soi, ne sera facile.

L’adolescent-e- homosexuel-le trouvera rarement dans le cadre scolaire
- des situations dans lesquelles se projeter,
- des personnages auxquels s’identifier

alors que l’on sait que toute personnalité se forge dans l’imitation et l’identification à des semblables.

Très peu de mots également sur le million d’homosexuel-le-s mort-e-s dans les camps de concentration... pas de mémoire collective, de passé à s’approprier pour s’inscrire dans et construire le présent, pas d’Histoire.
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Le rapport au plaisir, au corps

Comment donc accepter qu’on procure à autrui ou qu’autrui se procure le plaisir que soi-même, on se refuse ?
- Je crois en effet qu’un des noeuds de l’homophobie se trouve dans la frustration sexuelle, dans la limitation des plaisirs et, d’une fa« on générale, dans la conception restrictive et brimante du corps.

A voir la profusion des régimes amincissants, des journaux de mode(s), des accessoires d’"esthétique », on se rend bien compte que le corps n’est toujours pas sorti de ses chaînes,
- qu’il s’agit encore d’avantage de répondre présent-e-s à l’appel de toutes les valeurs normées et normatives
- que de chercher à mieux connaître son corps et la richesse des plaisirs qu’il peut offrir.

Du fait même que les homos ne procréent pas, il y a de grandes chances qu’ils et elles fassent l’amour dans un honnête but de plaisir ..., non mais, vous vous rendez compte ?
- Alors que Jésus, lui, atteint sa gloire, rejoint Dieu lorsqu’il est troué, meurtri dans sa chair (propre), de simples âmes s’abaissent à trouver du plaisir dans ce corps vil, sale, matériel, et surtout bien vivant (tout est dit).

Si je pense que cela a à voir avec la haine vouées aux homosexualités,
- je ne dis pas pour autant que les homosexuel-le-s sont exempt-e-s de la répression sexuelle ambiante ni de l’enfermement du corps dans des schémas.
- La preuve pour moi est visible dans la bi-phobie [13] si répandue dans « le milieu ».

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La lesbophobie

(Une question que je me pose encore et qui a sans doute orienté mes recherches sur ce thème est de savoir si l’on peut être militante homosexuelle sans être féministe.)

La lesbophobie est une catégorie de l’homophobie, qui, comme la gay-phobie, comporte des particularités.
- Par exemple, il faisait meilleur vivre lesbienne il y a quelques siècle qu’aujourd’hui, mais, parallèlement, il fait meilleur être femme aujourd’hui qu’il y a cent ans.
- Et les deux ne sont pas dissociables quand on envisage l’homosexualité des femmes. Homosexuelles, hétérosexuelles, bon nombre de femmes furent brûlées, torturées, violées du même fait d’une misogynie parfois sanguinaire, en tout cas séculaire.

Accuser une femmes de s’être « travesti en homme » a pu conduire à son exécution ou son emprisonnement.
- Sachant que se travestir en homme signifiant « revêtir le costume masculin », ce sont toutes les femmes qui étaient concernées, quelles que soient leurs sexualités [14].
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Parallèlement, je le disais plus haut, les lesbiennes en tant que telles ont beaucoup moins fait les frais de leur orientation sexuelle que les gays.
- Là encore, rien de surprenant, c’est vrai, qu’est-ce que peuvent faire deux femmes ensemble ?
- Rien... pas grand chose, enfin, rien de bien méchant quoi ? !
- Comment contredire cela. Cela fait à peine trente ans que le plaisir des femmes entre en ligne de compte dans les discours sur les relations hétérosexuelles, qu’on parle ouvertement et simplement (quoique...) de ce fameux clitoris !
- Qu’est-ce que le cunilingus ? Une caresse ? Un acte sexuel ? Je répondrais : un acte symboliquement et moralement moins chargé que la fellation.

La négation de toute sexualité propre aux femmes a beaucoup contribué à ce qu’on les tiennent à l’écart des ratonnades, des rafles.
- Certes, elles dérogent à leur rôle de procréatrice, mais en même temps elles participent d’elles-mêmes à mettre un terme à ce fléau communément nommé femme [15].

Et puis, finalement, elles peuvent être utiles aux hommes, au regard des différents types de productions pornographiques.
- Ceci-dit, tout n’est pas rose pour les lesbiennes et elles ne sont pas non plus épargnées en tant que simples objets de fantasmes masculins.
- Avec la stigmatisation de la « camionneuse », nombre d’hommes se sentent attaqués dans leur virilité (ou « croyance en leur supériorité »), et répondent par la violence ; tu veux jouer à l’homme, tu vas voir !
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Collectivement contre l’homophobie

A quand cette fameuse « révolution sexuelle » dont j’ai ouïe dire qu’elle s’était déjà produite ?

Je reste persuadée qu’on coupera certains ponts avec l’homophobie en faisant reculer la répression sexuelle, en émancipant le corps de ses carcans, en donnant un sens neuf aux mots « libération sexuelle ».
- Lutter contre l’homophobie, c’est d’abord, je pense, refuser de penser l’homosexualité, et d’en débattre, dans des termes de « inné-acquis », « naturel-contre nature ».
- Tout simplement parce que ce qui est « naturel » est finalement acquis puisque change selon les modes, les politiques... et surtout parce que le débat qui cherche à élucider les « causes » des homosexualités nous détourne de la question de savoir comment bien vivre ce que nous voulons être, et au quotidien.
- Je pense qu’il faut également être présent-e- à chaque occasion où le concept de « visibilité » se trouvera manifesté concrètement. Sortir du silence, du placard et ce, collectivement.

Par ailleurs, je me demande s’il faut (comme c’est déjà le cas) lutter pour la reconnaissance des homos comme groupe social.
- D’un côté les homosexuel-le-s, transexuel-le-s pousuivi-e-s dans un pays du fait de leur orientation sexuelle, ne peuvent pas prétendre à l’asile politique de ce fait même qu’ « homo » n’est pas un groupe social.
- Mais de l’autre côté, c’est un vrai lobby qui se met en place
(que l’on a pu observer lors des débats sur le PaCS) avec tout ce que cela implique : participation à un système politique pourri, défense d’intérêts économiques et commerciaux, promotion d’une culture propre, enfermement de la population dans des catégories...
Tout pour faire pâlir mon sens de l’universalisme.

Lutter contre l’homophobie, c’est aussi à la racine,
- refuser tout discours enfermant les hommes ou les femmes dans des stéréotypes,
- refuser qu’il soit dégradant d’appartenir au sexe féminin, et finalement peut-être se décharger d’un coup de boule à chaque « femmelette », « enculé » etc., qui vient nous squatter l’encéphale par les oreilles.

Pour ne pas conclure, je m’arrêterais sur une citation de Jacques Fortin :
- « Notre lutte contre l’oppression, pour les alliances nécessaires et possibles avec les femmes, dont la cause ébranle si fort l’ordre établi des genres, avec les exploités dont le combat attaque l’ordre établi des classes, nous mène, hors des sentiers battus, sur la voie inexplorée de modes de vie émancipés, encore inédits. » [16].

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- [1] Marie-Jo Bonnet, Les relations amoureuses entre les femmes, ed. Odile Jacob, coll. Opus sept 1995, p.284 : Le mot « homosexuel(le) » fait sa 1ère apparition dans le supplément du Nouveau Larousse illustré aux alentours de 1900.
- [2] « Le clitorisme est cet acte au moyen duquel les femmes suppléent, par une sorte d’artifice, au plaisir que la nature réserve aux seules approches amoureuses des deux sexes . » Dictionnaire des sciences médicales par une société de médecins et de chirurgiens, Paris, ed. Panckouke, 1812-1822, Dr. Fournier, article « Clitorisme »
- [3] l’UNI
-
[4] Jacques Fortin, Homosexualités, l’adieu aux normes,ed. Textuel, coll. La discorde, 2000, p. 35
- [5] Daniel Borillo, Que sais-je ? L’homophobie, ed. PUF, 2000
- [6] ibid. p.87
- [7] Mémoires de singes et paroles d’hommes, Boris Cyrulnik, Points Seuil
- [8] Pour décortiquer plus en profondeur les processus de construction des genres masculins et féminins, je vous invite à lire l’article sur ce même sujet dans le No Pasaran 75, mars 2000
- [9] Je n’affirme pas pour autant avec certitude qu’il n’en existe pas puisque je n’ai pas lu la totalité des manuels existants et qu’il y en a un paquet !
- [10] cf. le fameux roman 1984
- [11] Jacques Fortin, cf. plus haut, p.69.
- [12] idem p.41
- [13] je précise : « biphobie » = peur, haine des bisexuel-le-s.
- [14] Bonaparte interdit aux femmes le port du costume masculin. Ce n’est qu’en 1886 que commence une campagne de la Ligue pour l’Affranchissement des Femmes contre ce fait et cette loi
- [15] cf. Françoise d’Eaubonne, Le sexocide des sorcières, n°47 de l’Esprit frappeur, 1999
- [16] cf.(4), p.9
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