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          | juillet 
            - août 2003 : Têtu N° 80, page 3 > 
            édito de Thomas Doustaly, directeur et rédacteur 
            en chef http://edito.tetu.com/archives/2003-07
 |   
          | .Histoires de Seconde zone
 .
 Il faut beaucoup 
              de talent, et beaucoup de modestie véritable, pour commencer 
              un livre par «je». Surtout quand on veut se donner le 
              beau rôle. On aurait aimé aimer
 - le livre de Jean Le Bitoux, Citoyen de Seconde zone 
              (Hachette Littératures),
 - sous-titré Trente ans de lutte pour la reconnaissance 
              de lhomosexualité en France (1971-2002).
 Après 
              tout, Le Bitoux fait partie des fondateurs de Gai Pied, 
              qui, entre 1979 et 1992, date de la disparition du journal, a marqué 
              lhistoire du mouvement gay et lesbien en France. Par ailleurs, 
              le récit de son expérience dans les groupes homos 
              des années 70 et 80 allait, se disait-on, nous offrir un 
              éclairage nouveau sur lémergence du militantisme 
              gay dans notre pays.  On 
              savait Le Bitoux chroniquement hostile à tout ce à 
              quoi il na pas participé depuis trois décennies 
              dans le microcosme homo français, mais, naïvement, on 
              sattendait à une sorte de sagesse nouvelle chez le 
              bonhomme, récemment remis en piste par le Maire de Paris, 
              qui lui a confié la mission de Préfiguration 
              du projet de Centre dArchives et de Documentation Homosexuelles 
              [CADHP] de 
              la capitale.  Las
 En 
              refermant son livre, il nous faut malheureusement admettre quon 
              était bien présomptueux despérer trouver 
              la moindre branche à laquelle accrocher notre envie daimer 
              Jean Le Bitoux.  Très 
              vite, en effet, le lecteur est mal à laise, principalement 
              à cause de la prétention du dispositif du livre qui 
              consiste, pour lauteur, à nous raconter sa vie en ponctuant 
              - chaque chapitre de son existence somme toute modeste (à 
              lhonneur : gros problèmes dalcool, considérations 
              domestiques et fins de mois difficiles
)
 - de paragraphes pompeusement baptisés 
              «Analyses historiques et sociologiques». 
              Rédigée (pas très bien) par 
              ses amis Hervé Chevaux et Bruno Proth, cette 
              histoire parallèle prêterait seulement à sourire 
              si les auteurs nétaient pas si partisans.
 Toutes les erreurs, 
              les demi-vérités et les omissions sont acceptables 
              dans la partie autobiographique, puisque Jean Le Bitoux est 
              évidemment libre de raconter son parcours comme il lentend. 
              - On sourit dailleurs en apprenant au fil des pages quil 
              a eu lidée de plein de belles choses  limportation 
              dAct Up en France, par exemple , 
              juste avant que dautres les réalisent.
 - En lisant les passages qui se veulent historiques, on rigole moins.
  Comment 
              Proth et Chevaux peuvent-ils prétendre faire 
              uvre dhistoriens, avec la distance et la rigueur que 
              cela suppose, quand ils sengagent par exemple dans une apologie 
              sidérante de lAFLS [Agence 
              Française de Lutte contre le Sida] 
              ?- Entre 1989 et 1994, cette Agence publique de lutte 
              contre le sida a symbolisé léchec de la gauche 
              au pouvoir face à lépidémie : durant 
              ses cinq années dexistence, le nombre des morts a augmenté 
              de façon absolument dramatique.
 - De son inefficacité coupable, de la gabegie financière 
              qui y régnait, de sa piteuse disparition, pas un mot.
 - Pourquoi ? Parce que Jean Le Bitoux était lun 
              de ses très nombreux experts
 Que Le Bitoux 
              reste fier du travail quil y a accompli est une chose, mais 
              la mise en perspective historique naurait-elle pas précisément 
              dû servir à rappeler le contexte et lextraordinaire 
              hostilité qui sexprimait contre lAFLS 
              ?  On pourrait 
              multiplier les exemples.  Ce 
              qui inquiète, cest que cette manière de faire 
              de son histoire lHistoire avec un grand H semble bien refléter 
              la direction  quon ose qualifier de «scientifique» 
               dans laquelle Jean Le Bitoux et ses amis engagent 
              le Centre dArchives et de Documentation Homosexuelles 
              [CADHP] 
              dont ils ont la charge à Paris.  Les faits, hélas, 
              sont têtus.- Soit 
              Jean Le Bitoux veut sincèrement rassembler, sans en 
              exclure aucune, toutes les sources qui pourraient contribuer à 
              écrire lhistoire des homos français des deux 
              sexes et, dans ce cas, les chercheurs qui fréquenteront son 
               Centre dArchives montreront à quel point 
              lhistoire racontée dans ce Citoyen de Seconde 
              zone est partielle et partiale.
 - Soit il fera de ses archives personnelles lalpha et loméga 
              de la mémoire homo, et son Centre ne rassemblera 
              que les vieux souvenirs dune génération de militants 
              amers.
 .  |   
          | 
   
    | octobre 
      2004 : magazine 
      Têtu N° 93, page 58 > article de Luc Biecq http://www.tetu.com/index.php?set_language=en&cccpage=anciens_numeros_2004
 |   
    | .Infos : France
 Centre 
        d'Archives Homos : l'erreur de casting.
 ÉVOQUÉ 
        DÈS 2001, LE PROJET DECENTRE D'ARCHIVES ET DE DOCUMENTATION DES HOMOSEXUALITÉS,
 QUI AURAIT DÛ VOIR LE JOUR IL Y A PLUS DE DEUX ANS,
 CONNAÎT DE NOUVEAUX AVATARS,
 APRÈS LE LICENCIEMENT DE JEAN LE BITOUX, 
        SON DIRECTEUR
 .
 Le  
        Centre d'Archives et de Documentation des Homosexualités Parisien 
        (CADHP), dont la création a été annoncée 
        par la Mairie de Paris en 2002, continue de faire parler de lui. Son 
        unique salarié, Jean Le Bitoux, figure de la communauté 
        homosexuelle, vient en effet d'être licencié. Et on ignore 
        encore l'état réel d'avancement du projet. .
 Pourtant, 
        l'association du CADHP, présidée depuis un 
        an par Stéphane Martinet, avait été adoubée 
        par la mairie de Paris, qui lui a accordé en septembre 2002 
        une subvention de 100 000 €.  Mais, 
        aujourd'hui, Stéphane Martinet ne se risque pas à 
        annoncer une date d'ouverture : "Nous sommes en phase de préfiguration. 
        Nous publierons nos conclusions fin 2004. Je ne ferai aucune folle promesse.".
  
        Face 
          à lui, Phan Hoàng, ex-libraire et président 
          de l'Académie gaie et lesbienne [Académie 
          Gay & Lesbienne] depuis 2001, dispose de 30 000 documents, 
          qu'il stocke chez lui. "Qu'on me donne un local, suggère-t-il. 
          Je peux ouvrir les portes d'un centre en moins d'un mois. Quinze 
          bénévoles travaillent avec moi, j'ai les étagères 
          et le fonds ; j'ai juste besoin du lieu" assure-t-il. Le président 
        Martinet ne l'entend pas de cette oreille. Il se réjouit, 
        au contraire, de partir de rien. "Même si je ne dis pas 
        que rien n'a été fait", ajoute-t-il..
 Son 
        licenciement, Jean Le Bitoux, salarié pendant deux ans, 
        l'a demandé "contraint et forcé, parce qu'il était 
        urgent de modifier la façon de travailler". De son propre 
        aveu, l'ex-journaliste de Gai Pied n'était pas qualifié 
        pour le poste qu'il occupait.  Pourquoi 
        l'avoir compris si tard et, surtout, qu'a-t-il fait pendant deux ans ? 
        Mystère... Interrogé par Têtu, il dit 
        "avoir beaucoup donné". Mais, comme il attaque 
        son ex-employeur au tribunal des prud'hommes suite à ce 
        licenciement, il ne donne pas de détails sur son bilan. Un jeune 
        archiviste professionnel a été engagé récemment, 
        mais Stéphane Martinet ne souhaite pas dévoiler son 
        identité. "Il n'a pas de fonctions de direction, mais je 
        vous assure qu'il a toutes les compétences requises", 
        précise-t-il tout de même..
 L'association 
        dispose d'un local dans le Marais et de trois lignes téléphoniques. 
        Stéphane Martinet rêve d'archives de haute tenue, 
        comme celles de San Francisco ou de Los Angeles.  Mais 
        "aucun lieu en Europe ne [lui] paraît extraordinaire". 
        Visiblement renseigné, il évoque la mauvaise conception 
        des thésaurus dont se servent les chercheurs LGBT.  Il insiste 
        aussi sur les conditions de conservation des documents. Aucun appel à 
        dons n'a encore été lancé, les conditions optimales 
        de réception et de conservation des documents n'étant pas 
        réunies : "Il faut penser à cela dès la recherche 
        d'un local adapté, et nous n'avons entamé aucune démarche 
        en ce sens.".
  
        Pour 
          Phan Hoàng, c'est le monde à l'envers : "Comment 
          faire un centre d'archives sans archives ?" .
 ArchiQ, 
        qui regroupe les associations Archilesb, Vigitrans 
        et Loppataq, a dénoncé la situation dans un 
        rapport intitulé "La fièvre des archives". 
        Par la voix de Marie-Hélène Bourcier, ces militants 
        rappelent la force de la mémoire vivante, qui a fait la légitimité 
        des centres d'archives américains. "La conception 
        administrative de l'archivage qui ne stocke que des documents écrits 
        ne suffit pas. Il faut penser à une archive vive qui illustre les 
        modes de vie. Pourquoi ne pas stocker des godes ?".
  Mais 
        Stéphane Martinet n'entend pas révéler avant 
        plusieurs mois le fruit de ses réflexions. Après avoir préfiguré, 
        il va donc... préfigurer, tout en demandant d'autres subventions, 
        "pour la recherche de locaux, l'appel aux dons et aux legs. Les 
        premiers 100 000 € ne sont pas consommés, mais mon rôle 
        est de prévoir"..
 Odette 
        Christienne, adjointe au maire 
        de Paris chargée de la mémoire, du monde combattant 
        et des archives, sollicitée à plusieurs reprises, n'a 
        pas souhaité répondre aux questions de Têtu. 
        .
 Alors, 
        quand Stéphane Martinet affirme que ses connexions dans 
        le milieu culturel et politique servent le projet, on ne demande qu'à 
        le croire... A 
        la tête d'un prestigieux conseil d'administration, où l'on 
        retrouve entre autres personnalités l'historienne Florence Tamagne 
        et l'auteur Geneviève Pastre, le pro du réseau va 
        aussi devoir prendre en compte la militance quotidienne..
  
        Car 
          Phan Hoàng, sans titre ni prestige, entend bien transformer 
          son incomparable collection en uvre utile. .  |  
   
    
    | décembre 
      2003 : Triangul'ère N° 4 (Ange et Démon 
      - Arts & Cultures gay), page 179 > par Michael Sibalis http://www.triangulere.com/revue4_0.htm
 |   
    | .Citoyen 
        de seconde zone : Éditions Hachette
 Jean Le Bitoux - Hervé Chevaux - Bruno 
        Proth
 .
 Il y a quatre ans, 
        j'ai entrepris la rédaction d'une vingtaine de notices (en anglais) 
        sur des personnages gay et lesbiens français pour le Who's 
        Who in Contemporary Gay & Lesbian History, publié chez 
        Routledge en 2001. Parmi ces notices, une sur Jean Le Bitoux, 
        - que je n'avais jamais rencontré mais dont je reconnaissais vaguement 
        le nom : c'était pour moi le fondateur du Gai Pied, 
        et rien d'autre.
 - Après plusieurs semaines de recherches, j'ai dû reconnaître 
        l'importance historique de l'homme, auquel j'ai fini par consacrer une 
        notice beaucoup plus longue que prévue, qui se terminait ainsi 
        :
 " Une carrière de trente ans comme journaliste et militant 
        politique fait de Le Bitoux une des figures emblématiques 
        parmi les militants gais qui émergaient des luttes politiques des 
        années 1960 et 1970 pour fonder et gérer les associations 
        et les périodiques qui formaient une base indispensable au développement 
        d'une communauté gaie française au cours des années 
        1980 et 1990. "
 .
 Bien que racontée 
        à la première personne, l'autobiographie d'un tel homme 
        est forcément loin d'être un simple exercice en narcissisme. 
        C'est, à travers la vie d'une seule personne l'histoire en abrégé 
        d'une génération entière d'homosexuels : ses luttes 
        pour la reconnaissance, ses victoires politiques, ses jouissances, mais 
        aussi ses souffrances (le SIDA).  En effet, depuis que 
        Jean Le Bitoux, jeune adolescent à Bordeaux dans 
        les années 1960, a découvert son homosexualité et 
        s'est rebellé contre sa famille et sa classe (la bourgeoisie), 
        sa vie a suivi, presque inévitablement, le trajet de la révolte 
        homosexuelle déclenchée par les événements 
        de mai 68. - Militant au Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire 
        [FHAR] (à Nice plutôt qu'à Paris) 
        en 1972-73,
 - devenu l'âme du Groupe de Libération Homosexuel Politique 
        et Quotidien [GLH PQ] en 1975-78,
 - "candidat homosexuel" aux éléctions législatives 
        de 1978,
 - directeur de publication du Gai Pied de 1979 à 
        1983,
 - président de la Gay Pride en 1988-89,
 - fondateur de la Maison des Homosexualités [MDH] 
        (devenue par la suite le Centre Gai et Lesbien [CGL 
        Paris] ) en 1991
 la 
        liste de ses activités militantes et des services rendus comme 
        journaliste à la cause homosexuelle - parfois vivement contestés, 
        même au sein de la communauté gay - se poursuit ainsi jusqu'à 
        aujourd'hui, - où on le retrouve Directeur du Comité de Préfiguration 
        du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris 
        [AP 
        CADHP].
 En outre (même 
        s'il ne s'y attarde pas trop et garde certains incidents pour lui-même), 
        Le Bitoux ne passe pas sous silence les aspects plus intimes de 
        sa vie.- Ainsi, il raconte sans complexe comment il sombrait dans la solitude, 
        la misère et l'alcoolisme au milieu des années 1980, découvrait 
        ensuite sa propre séropositivité, perdait beaucoup d'amis, 
        dont Michel Foucault, emportés par ce fléau dévastateur, 
        mais trouvait enfin l'amour véritable (et durable) avec Émeric 
        Papiol en 1987.
 - Les belles pages émouvantes où Le Bitoux évoque 
        de tels souvenirs, parfois joyeux, souvent terribles, sont d'une honnêté 
        admirable.
 Toute autobiographie 
        est forcément partielle et partiale (c'est la nature même 
        du genre) : un auteur ne peut parler que de ce qu'il a lui-même 
        vu et vécu et par conséquent les événements 
        sont présentés d'un point de vue très personnel. 
         Mais cette autobiographie 
        est différente des autres, car en fait elle compte deux co-auteurs, 
        l'éditeur ayant fait appel à un historien (Hervé 
        Chevaux) et à un sociologue (Bruno Proth) pour épauler 
        Le Bitoux dans son oeuvre de mémoire.- Le Bitoux raconte sa vie et ses expériences, mais, au 
        cours du récit, se trouvent intercalés de longs passages 
        instructifs, écrits par Chevaux et Proth, qui commentent 
        et éclaircissent les événements vécus en les 
        plaçant dans leur contexte social et historique.
 - Ces interventions, d'une érudition indubitable et très 
        bien écrites de surcroît, sans jargon et sans prétention 
        universitaires, font d'une simple autobiographie un vrai ouvrage d'histoire. 
        Et elles sont loin d'être la partie la moins intéressante 
        du livre.
 .
 Si 
        tout le monde peut apprécier l'ouvrage et le lire avec beaucoup 
        de plaisir, le lecteur averti regrettera quelques petites erreurs historiques. 
        - Par exemple, en 1978 le candidat homosexuel dans le 18e arrondissement 
        n'était pas Guy Hocquenghem, comme l'écrit Le 
        Bitoux, mais Alain Sécoué (Hocquenghem 
        n'étant que son suppléant).
 - On peut déplorer aussi l'absence d'un dossier de photographies.
 Et quelquefois le 
        combattant vétéran de tant de batailles passées est 
        devenu un peu trop conciliant : - par exemple (mais peut être a-t-il raison 
        ?) il évite d'évoquer le débat actuel autour du projet 
        du Centre d'Archives [et de Documentation Homosexuelles 
        de Paris (CADHP)]
 - et refuse ainsi d'affronter et confondre les critiques 
        dont il est la cible, voire la victime.
 .
 À la fin du 
        livre, Le Bitoux se demande si son histoire "est atypique 
        ou non". En fait, comme n'importe quelle vie,
 - celle-ci est à la fois typique - car elle se déroule dans 
        un lieu spécifique et dans une époque déterminée 
        -
 - et atypique - car chacun a sa propre personalité et suit un chemin 
        individuel. Cette double réalité donne au livre toute sa 
        force et tout son intérêt.
 . |  
   
    
    | 3 
      7 2003 : illico N° 80, pages 10 et 11 > par Julien 
      Grunberg http://www.e-llico.com/content.php?section=portraits&id=35
 |   
    
    | .Jean Le Bitoux 
        publie ses mémoires
 .
 Le fondateur du "Gai 
        Pied" a vécu en acteur et en témoin privilégié 
        lhistoire homosexuelle de ces quarante dernières années. 
        - Un parcours quil raconte en lentrelaçant avec celle 
        des gays de cette période dans ses passionnants mémoires.
 - Rencontre avec un activiste inlassable, aujourdhui 
        en pointe sur le Centre dArchives Homo [Centre 
        dArchives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP)], 
        à son domicile parisien.
 .
 "Je ne voulais 
        pas faire une autobiographie, je ne suis pas un narcissique". Jean 
        Le Bitoux met en garde, anticipant toute critique. Comme si la prise 
        de parole pouvait être indécente. - Son histoire est longue, lourdement chargée. Alors il met de 
        lhumour dans ses mots, de la légèreté dans 
        son babil.
 - Dans son appartement encombré de livres, de toiles et de souvenirs, 
        il a "tellement limpression de venir de la préhistoire
"
 Enfant de 1948, ses 
        premières années à Bordeaux sont marquées 
        par la figure du père, "le commandeur", capitaine 
        dans la Marine. - Très jeune, il se distingue du reste de la famille par ses prises 
        de position à gauche.
 - Il est encore trop tôt pour assumer son homosexualité, 
        quil vit alors dans lisolement le plus total. "Je nimaginais 
        pas une seconde que mon petit secret homosexuel puisse rencontrer une 
        révolte sociale."
 - Sa rencontre avec le Front Homosexuel dAction Révolutionnaire 
        est déterminante : "Le FHAR ma sauvé 
        dun enfermement définitif."
 Le douloureux problème 
        nest plus tant sa sexualité quune "société 
        mal foutue" qui lempêche de vivre. Cest le temps 
        de la libération, de laction, et de tous les excès. 
        - Pendant que lacide lui "change la tête", 
        la révolte sociale gronde et rencontre celle de toute une génération. 
        Jean Le Bitoux se souvient de leuphorie de lépoque 
        tout en refusant de parler de nostalgie.
 - Il noublie pas son manque damour dalors ni la solitude 
        qui en découle : comme dans son livre, lhistoire intime, 
        personnelle, na de cesse de croiser la grande.
 Avec le GLH 
        (Groupe de Libération Homosexuelle), en 1975, il 
        apprend à "structurer son discours". - Il sagit moins de provoquer que de "communiquer" pour 
        faire avancer les choses.
 - Au détour, il sen prend, une fois nest pas coutume, 
        à Act Up [Paris], sa violence, et évoque 
        les négociations sociales que lassociation finit par mettre 
        en péril : "Il faut gueuler mais pas casser la gueule aux 
        gens ; après, on tombe soi-même dans le piège de ce 
        que lon dénonce."
 - Narquois, il enchaîne : "Mais ils savent déjà 
        tout ça, mes amis dAct Up 
"
 Jean Le Bitoux 
        est intarissable. Ses digressions entre passé et présent 
        sont à limage de sa vie : tourbillonnantes. - Son arrivée dans le journalisme se fera, dit-il, par la porte 
        du hasard. Rien de plus cohérent pourtant, à en juger son 
        désir urgent de communiquer, longtemps enfoui durant "les 
        années de silence" de lenfance.
 - Il exulte au quotidien "Libération" (celui 
        des débuts), où il attrape "le virus du journalisme".
 La 
        création dun nouveau journal finit par simposer ce 
        sera "Le Gai Pied", qui voit le jour en 1979. 
        - Le militant Jean Le Bitoux conçoit le titre avec trois 
        objectifs en tête : "Inventer un nouveau discours, créer 
        une discussion, même houleuse avec lextrême gauche, 
        essayer de séduire la gauche pour modifier les lois sociales."
 - "La crise Fougeray", telle quil la nomme lui-même, 
        va changer la donne quelques années plus tard. Lactuel directeur 
        de la publication de "Illico", Jacky Fougeray, 
        alors rédacteur en chef du "Gai Pied", 
        révèle un point de vue divergent sur la presse gay, plus 
        commercial que celui de Le Bitoux, ce qui longtemps opposera les 
        deux hommes.
 - Aujourdhui, malgré leurs divergences, 
        Le Bitoux se dit en bon terme avec Jacky Fougeray. Pour 
        une bonne et simple raison : "Nos batailles, même si elles 
        ont été parfois violentes, se sont passées à 
        visage découvert".
 Entre temps, lépidémie 
        du sida progresse, et Jean Le Bitoux découvre sa séropositivité.- Il évoque encore la responsabilité des uns et des autres, 
        notamment la longue période de déni par rapport à 
        la maladie. Le sida fait peur, Le Bitoux veut informer.
 - Il se lancera par la suite dans la prévention aux côtés 
        de AIDES.
 Lhomme 
        est sur tous les fronts, au cur aussi de nombreuses polémiques. 
        - A ses huit années dactivité [de salarié] 
        au sein de lassociation [Aides],
 - il faut aussi ajouter à son actif la création de la Gay 
        Pride,
 - ou du premier Centre Gai et Lesbien 
        [ de Paris ( La Maison Des Homosexualités 
        [MDH] ) ].
 - Il est également président du Mémorial de 
        la Déportation Homosexuelle [MDH],
 - et participe activement à la création 
        du Centre dArchives [et de Documentation Homosexuelles 
        de Paris (CADHP)], ce qui, là encore, ne lui vaut 
        pas que des amis, un certain nombre de lesbiennes radicales contestant 
        violemment le projet tel quil se précise.
 Pour Jean Le Bitoux, 
        tout cela se rejoint : des actions daide, de visibilité, 
        daccueil, et de mémoire. - "Il faut être au milieu de la société" 
        explique-t-il en se réjouissant de ses récentes interventions 
        sur LCI ou dans VSD.
 - Il sinsurge contre "limage danti-capitaliste 
        forcené" quon tend à lui prêter.
 - Et rappelle que, malgré leurs différends, il a su sassocier 
        avec lentrepreneur David Girard pour sauver la Gay 
        Pride au milieu des années 80, et "mettre le mouvement 
        associatif, le mouvement commercial et les journaux ensemble".
 Aujourdhui, 
        seule lépidémie affecte son bilan, globalement positif. 
        Comme il le fait remarquer, lindex est absent de son livre : "Je 
        ne voulais pas mettre un cimetière au bout de lhistoire de 
        ma vie. Cest pas 14 - 18 !"  Lhistoire 
        gaie a évolué, mais il y a encore des combats à mener, 
        il le sait. - Il évoque entre autres le suicide des jeunes homosexuels ou le 
        rejet des vieux de la communauté.
 - Jean Le Bitoux sétonne davoir retrouvé 
        "intactes" ses colères, se réjouit de lexpérience 
        de lécriture. Celle dun homme, bien vivant, attelé 
        à un seul et même projet : "la construction de lhomosexualité."
 . |  
   
    | .Histoires de Seconde zone
 .
 Il faut beaucoup de 
        talent, et beaucoup de modestie véritable, pour commencer un livre 
        par «je». Surtout quand on veut se donner le beau rôle. 
        On aurait aimé aimer
 - le livre de Jean Le Bitoux, Citoyen de Seconde zone 
        (Hachette Littératures),
 - sous-titré Trente ans de lutte pour la reconnaissance de lhomosexualité 
        en France (1971-2002).
 Après tout, 
        Le Bitoux fait partie des fondateurs de Gai Pied, 
        qui, entre 1979 et 1992, date de la disparition du journal, a marqué 
        lhistoire du mouvement gay et lesbien en France. Par ailleurs, le récit 
        de son expérience dans les groupes homos des années 70 et 
        80 allait, se disait-on, nous offrir un éclairage nouveau sur lémergence 
        du militantisme gay dans notre pays.  On 
        savait Le Bitoux chroniquement hostile à tout ce à 
        quoi il na pas participé depuis trois décennies dans 
        le microcosme homo français, mais, naïvement, on sattendait 
        à une sorte de sagesse nouvelle chez le bonhomme, récemment 
        remis en piste par le Maire de Paris, qui lui a confié la 
        mission de Préfiguration du projet de Centre dArchives 
        et de Documentation Homosexuelles 
        [CADHP] de 
        la capitale.  Las
 En refermant 
        son livre, il nous faut malheureusement admettre quon était 
        bien présomptueux despérer trouver la moindre branche 
        à laquelle accrocher notre envie daimer Jean Le Bitoux. 
         Très vite, 
        en effet, le lecteur est mal à laise, principalement à 
        cause de la prétention du dispositif du livre qui 
        consiste, pour lauteur, à nous raconter sa vie en ponctuant 
        - chaque chapitre de son existence somme toute modeste (à 
        lhonneur : gros problèmes dalcool, considérations 
        domestiques et fins de mois difficiles
)
 - de paragraphes pompeusement baptisés «Analyses 
        historiques et sociologiques». Rédigée 
        (pas très bien) par ses amis Hervé 
        Chevaux et Bruno Proth, cette histoire parallèle prêterait 
        seulement à sourire si les auteurs nétaient pas si 
        partisans.
 Toutes les erreurs, 
        les demi-vérités et les omissions sont acceptables dans 
        la partie autobiographique, puisque Jean Le Bitoux est évidemment 
        libre de raconter son parcours comme il lentend. - On sourit dailleurs en apprenant au fil des pages quil a 
        eu lidée de plein de belles choses  limportation 
        dAct Up en France, par exemple , juste 
        avant que dautres les réalisent.
 - En lisant les passages qui se veulent historiques, on rigole moins.
  Comment 
        Proth et Chevaux peuvent-ils prétendre faire uvre 
        dhistoriens, avec la distance et la rigueur que cela suppose, quand 
        ils sengagent par exemple dans une apologie sidérante de 
        lAFLS [Agence Française de Lutte 
        contre le Sida] ?- Entre 1989 et 1994, cette Agence publique de lutte contre 
        le sida a symbolisé léchec de la gauche au pouvoir 
        face à lépidémie : durant ses cinq années 
        dexistence, le nombre des morts a augmenté de façon 
        absolument dramatique.
 - De son inefficacité coupable, de la gabegie financière 
        qui y régnait, de sa piteuse disparition, pas un mot.
 - Pourquoi ? Parce que Jean Le Bitoux était lun de 
        ses très nombreux experts
 Que Le Bitoux 
        reste fier du travail quil y a accompli est une chose, mais la mise 
        en perspective historique naurait-elle pas précisément 
        dû servir à rappeler le contexte et lextraordinaire 
        hostilité qui sexprimait contre lAFLS 
        ?  On pourrait multiplier 
        les exemples.  Ce 
        qui inquiète, cest que cette manière de faire de son 
        histoire lHistoire avec un grand H semble bien refléter la 
        direction  quon ose qualifier de «scientifique» 
         dans laquelle Jean Le Bitoux et ses amis engagent le Centre 
        dArchives et de Documentation Homosexuelles [CADHP] 
        dont ils ont la charge à Paris.  Les faits, hélas, 
        sont têtus.- Soit 
        Jean Le Bitoux veut sincèrement rassembler, sans en exclure 
        aucune, toutes les sources qui pourraient contribuer à écrire 
        lhistoire des homos français des deux sexes et, dans ce cas, 
        les chercheurs qui fréquenteront son  Centre dArchives 
        montreront à quel point lhistoire racontée dans ce 
        Citoyen de Seconde zone est partielle et partiale.
 - Soit il fera de ses archives personnelles lalpha et loméga 
        de la mémoire homo, et son Centre ne rassemblera 
        que les vieux souvenirs dune génération de militants 
        amers.
 .  |  
   
    
    | .Etre homo en France
 .
 Pour le fondateur 
        du journal Gay Pied [ Gai Pied ] et pour l'historien, 
        dévoiler son homosexualité reste difficile.   
        " 
          Dénoncer quelqu'un, c'est produire une indignation sociale, toujours 
          désastreuse " : Jean Le Bitoux. .Co-auteurs des Citoyens de seconde zone (Hachette Littératures),
 - le militant Jean Le Bitoux, créateur 
        de la Gay Pride et du futur Centre des Archives Gays 
        et Lesbiennes [Centre d'Archives et de Documentation 
        Homosexuelles de Paris (CADHP)],
 - et l'historien Hervé Chevaux
 analysent l'évolution de la cause homosexuelle en France 
        depuis trente ans.
 [...]   
        VSD 
          : Le troisième âge, c'est encore tabou ?
 Jean 
        Le Bitoux : Plus vous êtes âgé, plus vous êtes discriminé.
 L'apologie de la jeunesse permanente en vogue dans le Marais est 
        insupportable !
 .
  
        VSD 
          :Une nouvelle exigence du lobby gay ?
 Jean 
        Le Bitoux : Il n'y a qu'un seul lobby, celui des commerçants.
 Et ces gens-là ne font pression que pour une chose : leur  business.
 [...] |  
   
    | 26 
      6 2003   : L'Express 
      pages 46 et 47 > par Marion Festraëts http://www.lexpress.fr/info/societe/dossier/homos/dossier.asp?ida=397366
 |   
    | .Minorités
 Les 
        homos en panne de cause.
 Autrefois fédérés 
        par la lutte contre le sida et par le combat pour le Pacs, 
        les gays et lesbiennes font aujourd'hui face à une société 
        plus compréhensive. Ce qui ne les empêchera pas de marcher 
        contre l'homophobie samedi 28 juin Combattre 
        l'homophobie et les discriminations : depuis quelques années, les 
        slogans de la Marche des fiertés lesbienne, gaie, bi et trans 
        - ex Gay 
        Pride - qui aura lieu le 28 juin à 
        Paris, semblent bégayer.- Au point que, au-delà de l'indéniable aspect festif de 
        cette manifestation, on en vient à se demander si ce défilé 
        a encore un sens politique.
 - En panne de proposition nouvelle, de projet social fédérateur 
        depuis le vote du Pacs, en 1999, la cause homo semble aujourd'hui 
        chercher le souffle qui l'avait portée durant les «années 
        sida».
 Le 
        consensus mou autour de la lutte contre l'homophobie masque mal un déficit 
        patent de revendication forte. Au sein d'une société 
        désormais plutôt compréhensive et tolérante, 
        - les élucubrations d'une Brigitte Bardot
 - ou les dérapages d'une Françoise de Panafieu - 
        «Lorsqu'on est Maire de Paris, on n'a pas vraiment sa place 
        en tête de la Gay Pride», selon la Maire 
        du XVIIe arrondissement -
 jettent le discrédit sur leurs auteurs plus que sur leurs cibles 
        : le député UMP Claude Goasguen s'est 
        empressé de préciser que les propos de Françoise 
        de Panafieu n'engageaient qu'elle.
 Les homos doivent-ils 
        faire le constat qu'ils ont peut-être, en fait, obtenu l'essentiel 
        ?.
 L'affaire 
        a mis en émoi tout le petit monde associatif gay : le 11 avril, 
        une poignée de militants d'Act Up [Paris] 
        ont saccagé le siège des éditions 
        Blanche parce que cet éditeur de littérature 
        érotique avait publié - Serial Fucker. Journal d'un barebacker, d'Erik 
        Rémès.
 - L'ouvrage, contestable (et contesté), décrit les tribulations 
        d'un homo séropositif contaminant délibérément 
        ses partenaires.
 «Le règne 
        de l'hétérosexualité» Ce énième 
        coup d'éclat - dit «zap» en langage «actupien» 
        - de l'association emblématique des années 1990 a laissé 
        plus que perplexes les militants homos.  
        «En 
          faisant une telle publicité à ce livre, Act up 
          est tombé dans le panneau,- estime Jean Le Bitoux, 
          auteur de Citoyen de seconde zone Trente ans de lutte pour 
          la reconnaissance de l'homosexualité en France (avec 
          Hervé Chevaux et Bruno Proth, Hachette 
          Littératures).
 Rémès écrit des choses condamnables, mais ce 
          genre de procédé traduit l'essoufflement idéologique 
          de cette association. On n'est plus dans l'explication sociale, on est 
          dans la vengeance gratuite.»
 Les outrances d'Act 
        up traduisent la fin d'une époque, ces années 1980 
        et 1990 durant lesquelles l'union sacrée des militants homosexuels 
        s'était accomplie au nom de la lutte contre le sida. 
        - «L'époque était au «nous», elle est 
        désormais au «je», témoigne William Pettex-Sorgue, 
        créateur et président de 
        www.citegay.com, le plus important site homo européen - 967 
        000 visiteurs par mois.
 .
  - 
        «Le Pacs nous a donné une respectabilité, 
        nous a sortis du cliché des gays festifs en officialisant la légitimité 
        des couples homos», estiment Ronan Rosec et Laure 
        Lagardère, à la tête de SOS-Homophobie, 
        association qui publie chaque année un rapport sur les discriminations 
        ou les insultes dont sont victimes les homosexuels. Moins politisée qu'à ses débuts, SOS-Homophobie 
        réclame que les actes et propos discriminants soient punis par 
        la loi, à l'instar du racisme, et qu'une information sur l'homosexualité 
        soit dispensée à partir du collège :
 - «Il s'agit simplement de rompre l'isolement 
        des jeunes qui se posent des questions sur leur orientation sexuelle et 
        qui ne trouvent aucune référence positive à l'homosexualité 
        dans leur environnement.»
 Pourtant, 
        les mentalités ont progressé, au point qu'aujourd'hui un 
        personnage politique peut révéler son homosexualité 
        sans choquer personne, alors qu'une telle démarche semblait inconcevable 
        il y a dix ans. - Selon Louis-Georges Tin, qui a dirigé le tout récent 
        Dictionnaire de l'homophobie (PUF), la discrimination 
        des homos va bien au-delà de la simple insulte lancée dans 
        la rue :
 - pour ce spécialiste des études gaies 
        et lesbiennes, qui parle également de «gaiphobie», 
        de «lesbophobie», de «biphobie» et de «transphobie», 
        «l'origine profonde de l'homophobie est sans doute à rechercher 
        dans l'hétérosexisme, qui est ce règne de l'hétérosexualité 
        obligatoire [...]. En effet, ce régime tend à constituer 
        l'hétérosexualité comme la seule expérience 
        sexuelle légitime, possible et même pensable...»
 .
  
        «Depuis 
          le Pacs, on assiste à un immense bavardage sur 
          tout et rien»  Débattue 
        en long et en large par les idéologues de la communauté, 
        la question des genres et des identités sexuelles est aujourd'hui 
        au cur de tous leurs différends.   
        «Depuis 
          le Pacs, on assiste à un immense bavardage sur tout et rien. 
          On devrait peut-être commencer par se pencher sur notre histoire», 
          commente Jean Le Bitoux, chargé de piloter le futur 
          Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris. 
           Un 
        projet qui cristallise à nouveau les vieux antagonismes entre lesbiennes 
        radicales et gays un brin misogynes, entre tenants du différencialisme 
        et partisans du droit à l'indifférence.   
        - 
          L'historienne féministe Marie-Jo Bonnet - et Marie-Hélène Bourcier, théoricienne 
          du mouvement queer 
          - qui étudie et remet en question les genres et les identités 
          sexuelles -
 ont d'ailleurs lancé une pétition 
          dénonçant l'exclusion des lesbiennes du projet et la «superficialité» 
          de la réflexion en cours.
 Et 
        les homos de s'accuser mutuellement de discrimination ....
 Ces querelles de chapelle 
        semblent très éloignées des préoccupations 
        quotidiennes des homos «de base». - La sociologue Françoise Gaspard souligne d'ailleurs «la 
        dissémination du militantisme au contact du terrain» : «Les 
        moins de 40 ans préfèrent se retrouver dans des associations 
        de convivialité, pour randonner, skier ou parler portugais. On 
        voit émerger de nouvelles formes de revendication et de militantisme 
        à travers une nuée d'associations au sein des entreprises, 
        des institutions ou des administrations»: à La Poste, 
        à la SNCF, dans l'armée, dans la police, 
        au sein d'HEC ou de Sciences po, etc.
 - «Nos jeunes internautes n'ont pas l'air de mal vivre leur homosexualité, 
        remarque William Pettex-Sorgue. Eux qui n'ont pas vu mourir des 
        dizaines d'amis, comme notre génération, s'impliquent dans 
        des activités de loisir plutôt que dans les grands mouvements 
        historiques.»
 .
 Plus 
        que le droit à la différence, la majorité des homos 
        réclament aujourd'hui le droit à l'indifférence. 
         Et 
        à l'égalité avec les couples hétéros 
        : l'homoparentalité les motive plus que les débats autour 
        du queer. Ils veulent 
        pouvoir adopter en couple et avoir accès à la procréation 
        médicalement assistée. Et lorgnent vers l'étranger 
        :
 - en 2002, la Suède autorisait les couples du même 
        sexe à adopter des enfants, comme aux Pays-Bas et dans certains 
        Etats d'Amérique du Nord.
 - En Grande-Bretagne, en Belgique et en Espagne, 
        les lesbiennes ont accès à l'insémination artificielle
 tandis 
        qu'après la Belgique et les Pays-Bas, le Canada 
        s'apprête à légaliser le mariage entre homosexuels 
        (voir l'encadré).
  
        «Ces 
          revendications obéissent à une sorte d'agenda international, 
          souligne Marie-Hélène Bourcier. Ce 
          qui est réclamé et obtenu aux Etats-Unis ou en 
          Australie sera réclamé et - vraisemblablement - 
          obtenu en France.»  Si les homos y tiennent 
        assez pour se mobiliser.. |  
   
    
    | mars 2003 : IBnews, 
        pages 6 à 8 > par Patrick Rogel, directeur de la rédactionhttp://www.atitud-inn.com/index.php?pid=2&rid=5&srid=25&ida=246
 http://www.gayvox.com/edito/?id_rub=7&id_srub=36&id_dossier=738&idmenu=6
 http://www.tassedethe.com/cadres/journal.htm
 |   
    | .Jean Le Bitoux défend son Centre
 .
 La polémique 
        a fait rage ces deux derniers mois autour du projet 
        de Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris 
        (CADHP) que ce soit - dans la presse généraliste (Libération, 
        Télérama...)
 - ou homosexuelle (Illico, Têtu...).
 Pour la 1ère 
        fois, la parole est donnée au principal intéressé, 
        Jean Le Bitoux, 
        qui répond aux critiques formulées à son encontre.- Il dénonce notamment «une campagne d'intoxication dont 
        [il n'a] toujours pas compris le but».
 - Il affirme avoir vécu «avec beaucoup d'amertume» 
        cette polémique : «Les critiques étaient injustes 
        et les chiffres avancés étaient erronés. On était 
        entre la démagogie et la désinformation. J'en suis d'autant 
        plus étonné qu'il y a quelques années Marie-Hélène 
        Bourcier et Marie-Jo Bonnet avaient écrit dans des journaux 
        que je dirigeais... Mais je ne confonds pas les lesbiennes et les lesbiennes 
        radicales».
 .
 IBnews 
        a également recueilli les réactions à cette interview 
        :- de Phan Hoàng ([président de l']Académie 
        Gay & Lesbienne),
 - Patrick Elzière [ PDG de gayvox.com 
        , 
        qui a racheté les archives du groupe de presse Gai Pied 
        ],
 - de Lionel Duroi (éditorialiste à gayvox.com),
 - et de Marie-Hélène Bourcier (auteur de la pétition 
        "Pour que cesse l'exclusion des lesbiennes du [projet de] CADHP").
 . Interview 
        exclusive de Jean Le Bitoux à IBnews.
 Après 
        avoir créé Gai Pied, vous en avez claqué la 
        porte il y a 20 ans. Depuis, des méchantes rumeurs vous ont dit 
        «ruiné», «isolé» et même mort 
        ...  Jai en effet 
        démissionné de Gai Pied en 1983 avec une trentaine 
        de journalistes. Cette démission ma 
        empêché de minscrire au chômage. - Sen sont suivies des années de misère au cours desquelles 
        jai également appris ma séropositivité.
 - Jai ensuite rejoint Aides puis Arcat-Sida 
        qui ma confié la rédaction en chef du Journal 
        du Sida.
 - Je nai pas pour autant cessé de militer aux cotés 
        du mouvement homosexuel, étant de ceux qui, entre 1988 et 1998, 
        ont reconstruit la Gay Pride Parisienne sur des bases politiques 
        et non plus commerciales.
 - Je suis également lun des co-fondateurs du Centre 
        Gai et Lesbien (CGL) de Paris.
 - Jai également aidé à rédiger les souvenirs 
        de Pierre Seel, le seul Français à témoigner 
        de sa déportation pour homosexualité.
 - Jai plus récemment fait paraître un ouvrage historique 
        sur la déportation, Les oubliés de la mémoire 
        et participé à 2 dictionnaires à sortir 
        en mai, celui de Didier Eribon et celui de Louis-Georges Tin 
        [...].
 - A la même période, je sors un ouvrage 
        qui raconte conjointement ma longue vie militante et lémancipation 
        des homosexuels et des lesbiennes durant ces 30 dernières années.
 Je nai donc pas disparu, même si régulièrement, 
        on mannonce mort...
 .
 Votre 
        projet de Centre dArchives et de Documentation Homosexuelles 
        (CADH) a bénéficié du vote dune subvention 
        de 100.000 euros par le Conseil de Paris. Etes-vous reconnaissant 
        à Bertrand Delanoë pour cette résurrection ? Il 
        est vrai que nous en avons peu parlé, notamment lors des Universités 
        dEté de Marseille 
        [UEEH] ... Mais je voulais dabord être sûr que ce projet était 
        sur les rails... Il a 4 axes :
 - les archives pour les chercheurs;
 - un large service de documentation pour les jeunes générations, 
        les journalistes et toute personne qui souhaite se renseigner sur lhistoire 
        de lhomosexualité en France au 20e siècle;
 - également une grande bibliothèque culturelle
 - et - nous lespérons - un espace dexploitation qui 
        puisse servir dauditorium.
 - Enfin, un très important site Internet.
 .
 Des 
        voix ont critiqué le peu de place qui serait fait aux lesbiennes 
        dans ce projet. La municipalité, au travers de Christophe 
        Girard, a été la plus fortement attaquée, mais 
        vous navez pas été épargné non plus. 
        Comment avez-vous vécu cette polémique ? Avec beaucoup damertume. 
        Les critiques étaient injustes et les chiffres avancés étaient 
        erronés. On était entre la démagogie et la désinformation. 
        Jen suis dautant plus étonné quil y a 
        quelques années Marie-Hélène Bourcier et Marie-Jo 
        Bonnet avaient écrit dans des journaux que je dirigeais... 
        - Mais je ne confonds pas les lesbiennes et les 
        lesbiennes radicales.
 - Nous travaillons depuis des mois avec des lesbiennes qui sont enseignantes, 
        journalistes, photographes, historiennes, psychothérapeutes ou 
        écrivaines disposant darchives ou de temps à consacrer 
        à ce projet. Elles font partie depuis le début de nos nombreux 
        groupes de travail.
 .
 Au-delà 
        de cette querelle de clocher, on vous reproche une méthode: manque 
        de concertation, absence, voire rétention dinformation. Etes-vous 
        en mesure de rassurer le public ? Quant à notre 
        «manque de concertation», il ne nous a pas empêché 
        davoir déjà rencontré les présidentes 
        du PASST, de la Coordination Lesbienne Nationale 
        ou de lassociation transgenre Caritig. Le contact 
        a été positif. Je remercie par ailleurs le soutien renouvelé 
        de lHôtel de Ville [Mairie de Paris]
 - ainsi que celui de lInter-LGBT 
        [la Gay Pride Parisienne, ndlr]
 - et les journalistes des magazines Illico 
        et Têtu pour leur lucidité tout au long de 
        cette campagne dintoxication dont je nai toujours pas 
        compris le but.
 .
 Durant 
        lété, il y avait eu lépisode des archives 
        de Gai Pied, qui trouvaient un nouveau propriétaire. Ce 
        dernier, le site gayvox.com 
        , semble avoir été froissé que vous déclariez 
        quil devrait vous les céder pour un euro symbolique ... Je sais. Cest 
        une regrettable erreur dinterprétation du journaliste de 
        Têtu. Cest un article épouvantable. - Jai écrit immédiatement au rédacteur 
        en chef de ce mensuel pour lui signaler les graves erreurs dont 
        larticle était truffé.
 - Comment également raconter que je naurais 
        pas darchives ? 80.000 documents attendent que je les cède 
        au Centre.
 - Sur lhistoire falsifiée de  Gai 
        Pied, mon ami historien Chevaux qui écrit 
        un livre sur ce journal a de son côté envoyé 5 pages 
        de rectificatifs [...]. Un très sobre erratum a été 
        publié le mois suivant.
 - Je regrette de ne pas avoir envoyé le double 
        de ces courriers à Gayvox, qui a dû légitimement 
        soffusquer de cette assertion alors que nous avions eu une 
        première rencontre des plus sympathiques, discutant ensemble de 
        ce fonds historique.
 .
 Dailleurs, 
        pourquoi cet intérêt pour des archives papier, alors que 
        vous décrivez le portail Internet du CADHP comme un de ses 
        «piliers» ? En ce qui concerne Gai Pied, pourquoi ne 
        pas plutôt poursuivre larchivage informatique, déjà 
        bien entamé ? Nous ne privilégions 
        absolument pas lun par rapport à lautre. - Je pense même que le site va absorber la moitié de lénergie 
        du Centre car il faut que, depuis chez soi, on puisse accéder 
        aux documents essentiels de cette histoire que nous aurons pu collationner.
 - Nous pensons également créer des passerelles avec les 
        principaux sites darchives : Berlin, Amsterdam, San Francisco, 
        Los Angeles, Amsterdam ...
 .
 Que 
        pensez-vous du projet de lAcadémie 
        Gay & Lesbienne ? Sil se concrétise, ça 
        fera 2 centres darchives à Paris. Au moment 
        où lon reparle de décentralisation, pourquoi ne pas 
        avoir proposé votre CADH à des villes en régions 
        ? Des échanges 
        et des partenariats seront également - je lespère 
        - signés avec les archives régionales gays déjà 
        existantes, comme à Lyon, Lille, Marseille [?] ou Rennes..
 Votre 
        planning annonce que vous auriez déjà du dépasser 
        la «préfiguration active» du projet [CADHP]. 
        Quelles en sont les prochaines étapes ? Nous allons intégrer 
        dans les quelques semaines un local de travail pour tout le travail de 
        préfiguration. - Nous allons également faire létat 
        des lieux des dons déjà acquis, dont limportance est 
        telle que nous cherchons en urgence un entrepôt bénéficiant 
        de toutes les garanties de conservation.
 - Nous ferons peut-être bientôt une 
        exposition de ces premiers dons et legs.
 - Les grands axes de la bibliothèque commencent à se définir 
        avec une commission paritaire.
 - Une vingtaine dinternautes et de documentalistes étudient 
        la logique de nos méthodologies.
 - Nous poursuivons nos négociations en direction 
        des collectivités territoriales, des dons et legs futurs, et du 
        mécénat privé.
 Car nous souhaitons un très grand Centre qui soit 
        celui de toutes et tous et qui devrait ouvrir en 2004.
 . Les 
        réactions de : - Patrick Elzière 
        [ PDG de gayvox.com 
        , 
        qui a racheté les archives du groupe de presse Gai Pied 
        ]- Lionel Duroi [ éditorialiste de gayvox.com 
        ]
 - Marie-Hélène Bourcier [ pétition d'Archilesb 
        ! > Pour que cesse l'exclusion des lesbiennes du projet 
        de CADHP ]
 - et Phan Hoàng [ président de l'Académie 
        Gay & Lesbienne ]
 réagissent aux propos de Jean Le Bitoux.
 . Jean 
        Le Bitoux nous affirme navoir jamais demandé que Gayvox 
        lui cède les archives de Gai Pied pour un euro symbolique. 
        Quen est-il vraiment ? Quels sont vos projets quant à ces 
        documents ? Patrick Elzière 
        [ PDG de gayvox.com 
        ] : Lorsque nous nous sommes rencontrés fin juillet 
        dernier, Jean Le Bitoux a demandé que Gayvox 
        lui fasse don de ces archives papier.
 Je lui ai répondu pourquoi pas à 
        la condition
 - davoir la certitude que le projet tienne la route
 - et nait pas une épée de Damoclès 
        au-dessus de la tête;
 - à savoir ne pas dépendre que dun financement 
        municipal pouvant être remis en cause.
 Pour linstant, je préfère quelles restent là 
        où elles sont dans lattente dun projet 
        abouti.
 .
 Sur 
        Gayvox, vous avez largement relayé la polémique en 
        évoquant la «négation» des projets similaires. 
        Par ailleurs, vous estimez que le CADHP résulte dune 
        «conjonction dinitiatives personnelles» et que son affichage 
        associatif nest quun «prétexte» ... Lionel Duroi 
        [ éditorialiste de gayvox.com 
        ] : Le document présenté à Gayvox, 
        qui avait un certain contenu, nest pas le même que celui qui 
        a été soumis au financement de la Ville [de 
        Paris].
 - Jai trouvé un peu vaseux, pour crédibiliser le projet, 
        de gonfler la liste de soutien.
 - En fait, je me suis aperçu que les projets 
        similaires navaient pas été contactés.
 Le CADHP - pour lequel le seul consensus vient de 
        lInter-LGBT - a même fait ricaner certains en 
        Province...
 - Jean Le Bitoux, au nom de ses ouvrages, 
        sinscrit comme le «pape» de la mémoire gay.
 - Projet élitiste, le CADHP sappuie sur quelques 
        personnes qui sestiment au-dessus du panier et espère rameuter 
        les foules ...
 .
 Vous 
        avez dénoncé la sous-représentation des lesbiennes 
        dans le projet. Jean Le Bitoux reproche quant à lui la «démagogie» 
        et la «désinformation» de «lesbiennes radicales». 
        Quen pensez-vous ? Marie-Hélène 
        Bourcier [ pétition d'Archilesb 
        ! > Pour que cesse l'exclusion des lesbiennes du projet 
        de CADHP ] : Pour ce qui est des «lesbiennes radicales», 
        Jean Le Bitoux prouve une nouvelle fois quil ne connaît 
        pas le mouvement lesbien.
 - Un des problèmes du Centre - 
        en plus dêtre une coquille vide et un projet de papier - 
        est de mettre en avant la primauté historique de lhomosexualité 
        masculine, ce qui une erreur.
 - Par ailleurs, la bonne moitié des noms 
        des membres des Comités du CADHP sont bidons.
 A propos de «démagogie», je renvoie 
        la balle à M. Le Bitoux et lui demande dêtre 
        transparent. Quil cesse en particulier de refuser de se rendre sur 
        les plateaux télé !
 .
 Jean 
        Le Bitoux na pas souhaité 
        nous donner son avis sur lAcadémie Gay & Lesbienne. 
        A votre tour, pouvez-vous nous dire ce que vous pensez du CADHP 
        ? Phan Hoàng 
        [ président de l'Académie 
        Gay & Lesbienne ] :Beaucoup de gens se sont sentis agressés 
        par ce projet hégémonique de CADHP.
 - Cest le fait daffirmer que tout ce qui avait été 
        fait avant lui était nul et non avenu qui a créé 
        le bordel.
 - Lorsque nous nous sommes créés, 
        nous navons eu, par exemple, aucun problème avec le CGL 
        de Paris, qui possède lui aussi une Bibliothèque.
 Cest dailleurs aux petits CGL de Province 
        que nous comptons céder une partie de nos archives.
 .
 Illico 
        a parlé de «lutte de pouvoir» et de «mauvaises 
        querelles» faites au CADH. Il est vrai que si votre projet 
        se concrétise, ça fera 2 centres darchives 
        à Paris ...  Phan Hoàng 
        [ http://www.archiveshomo.info/ 
        ] :Le projet de lAcadémie Gay & Lesbienne date de 
        lan 2000 : création dun site, dépôt de 
        la marque et [en 2001 :] dépôt des statuts.
 - Soit bien avant que Bertrand Delanoë 
        ne soit candidat à la Mairie [de Paris] et 
        - répondant à une question de lInter-LGBT 
        - ne se déclare favorable à la création 
        dun centre darchives.
 - Nous possédons 20.000 documents et y donnons accès.
 Ce nest pas nous qui avons copié le 
        CADHP, avec lequel nous sommes complémentaires.
 . |  
   
    | 27 4 2002 : fr.gay.com 
        > par Olivier Monnot, rédacteur en chefhttp://www.intl-fr.gay.com/index.html
 http://www.monnot.net/articles.htm#lebitoux
 |   
    
    | .Interview de Jean Le Bitoux, président 
        du
 Mémorial de la Déporation Homosexuelle 
        [MDH]
 .
  Jean Le Bitoux 
        est président du Mémorial de la Déportation 
        Homosexuelle [MDH]. - A l'occasion de la journée nationale du Souvenir de la déportation, 
        il a accordé un entretien à Gay.com.
 - Il vient de publier chez Hachette un livre sur la déportation 
        des homosexuels, à lire absolument : "Les oubliés 
        de la mémoire".
 .
 Jean, 
        pouvez-vous rappeler votre parcours militant ?Je suis 
        de la génération qui a eu 20 ans en mai 68.
 - Le mouvement homosexuel a démarré en 1971. J'étais 
        alors étudiant à Nice, je lisais la presse d'extrême 
        gauche, et j'ai lu un article sur la révolte des gays et des 
        lesbiennes à Paris.
 - J'étais frustré, parce que ça se passait à 
        Paris et que j'étais à Nice. J'ai alors fondé 
        le FHAR (Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire).
 - Puis je suis venu sur Paris continuer le travail associatif.
 - En 1975, j'ai participé aux Groupes de Libération 
        Homosexuelle [GLH].
 - Après je suis allé à Libération, 
        et j'ai attrapé le virus du journalisme.
 - En 1979, j'ai décidé de faire un grand journal homosexuel, 
        Gai Pied, qui a tenu jusqu'en 1994, mais en 1983, j'avais 
        claqué la porte de ce journal que je trouvais trop commercial.
 - En 1985, j'ai aidé à la mise en place de l'association 
        AIDES, je me suis occupé pas mal de prévention 
        gay.
 - Dans les années 80, j'ai rencontré un vieux monsieur, 
        il s'appelait Pierre Seel, il m'a raconté son drame de déporté 
        homosexuel.
 - En 1989, j'ai créé le Mémorial de la déportation 
        homosexuelle.
 Un 
        mois après la publication des travaux de la commission historique 
        sur la déportation homosexuelle, quelles conséquences 
        il a eu ?Une conséquence 
        directe : une reconnaissance plus forte de la déportation homosexuelle 
        en France.
 - On a obtenu que le triangle rose soit sur les bannières 
        des monuments pendant la journée nationale du Souvenir, 
        qui a lieu le 28 avril. [...]
 Avec 
        un an de recul, quel impact ont eu la déclaration de Lionel 
        Jospin sur la déportation homosexuelle, et la présence, 
        pour la première fois l'an dernier, du maire de Paris et 
        d'autres élus pendant le dépôt d'une gerbe par des 
        associations gays ?La déclaration de Jospin, le 23 avril 2001 a mis en fureur 
        les Fédérations de déportés, 
        qui depuis 1976, se sont liguées contre nous, dans une homophobie 
        de leur grand âge, et ils considèrent presque que les homosexuels 
        dans les camps l'avaient bien mérité, puisque "ce sont 
        des pervers". [...]
 On 
        a encore plus de mal à comprendre l'homophobie quand elle concernent 
        des anciens déportés, et que les homophobes ont souvent 
        eux-même été déportés...Je ne me l'explique pas.
 - On ne trie pas dans le malheur.
 - Le dossier les gênait beaucoup, parce que c'était des univers 
        entre hommes, contraints de vivre ensemble, et tous ces déportés, 
        ont dû, bien évidemment, pratiquer pour certains d'entre 
        eux l'homosexualité. [...]
 Comment 
        expliquer qu'il a fallu 50 ans pour que la reconnaissance commence ?Dès 1971, j'avais lu un petit article sur les Triangles Roses.
 - C'était un témoignage anonyme, qui avait été 
        publié dans les années 60 dans la revue homosexuelle Arcadie. 
        [...]
 Comment 
        Pierre Seel, qui était officiellement le seul déporté 
        homosexuel français, a-t-il réagi à la publication 
        du rapport ?Pierre a d'abord été terrifié par le chiffre.
 - On en parlait souvent tous les deux, du chiffre, et on pensait à 
        20, 30, ou 40 déportés homosexuels...
 - On ne se rendait pas compte. Là on est sur 210 personnes uniquement 
        pour l'Alsace. [...]
 Quelles 
        nouvelles informations sur la déportation de Pierre Seel 
        cette liste a-t-elle donné ?Pour Pierre, on avait déjà la trace de son arrivée 
        dans le camp de Schirmeck.
 - Après avoir été torturé pendant 10 jours 
        par la Gestapo pour qu'il fournisse des noms, il avait été 
        emmené dans un panier à salade de la police française 
        dans le camp de Schirmeck, où on lui a mis une barrette 
        bleue, celle des asociaux. [...]
 Que 
        manque-t-il encore pour que la déportation des homosexuelles soit 
        enfin pleinement reconnue et qu'on puisse passer à un souvenir 
        plus apaisé ?Je crois qu'on est dans les dernières années du combat pour 
        cette reconnaissance. On va pouvoir, enfin, clore le dossier. Dans deux 
        ans, la commission historique aura sans doute fini ces travaux.
 - On a obtenu que le Triangle Rose soit sur les bannières 
        des monuments nationaux.
 - On devrait obtenir que les homosexuels soient pleinement associés 
        à la Journée Nationale du Souvenir de la Déportation. 
        [...]
 Votre 
        livre est-il un aboutissement de votre travail sur la déportation 
        ?Oui, c'est 
        un peu un rapport d'activité. J'ai créé le 
        Mémorial de la Déportation Homosexuelle [MDH] 
        en 1989.
 - Je pense que je suis en train de terminer un travail que j'ai porté 
        pas mal tout seul, parce que c'est un sujet tellement tragique que ça 
        ne fascine pas beaucoup les militants gays. [...]
 Comment 
        jugez-vous le regard de la communauté gay sur la déportation 
        des homosexuels, et comment votre livre va-t-il aider à mieux la 
        connaître ?Je pense que le livre va permettre de comprendre ce qu'est l'homophobie 
        la plus extrême. Il y a pire que d'être insulté ou 
        bousculé ! C'est être convoqué au commissariat et 
        ne jamais en ressortir, être torturé pour donner la liste 
        de ses amis homosexuels...
 - Je voudrais que la communauté gay et lesbienne 
        se rende compte que cette haine est toujours autour de nous. [...]
 - Donc méfions-nous, restons vigilants. Le cauchemar peut revenir 
        facilement. Et souvenons-nous de Berlin dans 
        les années 30, où la situation était très 
        semblable à la situation à Paris aujourd'hui.
 - Ca n'a pas empêché Hitler, en deux mois, de fermer 
        les lieux gays, de tabasser les homosexuels, de les convoquer, de les 
        torturer, de brûler les bibliothèques, de dissoudre les associations, 
        d'instaurer un couvre-feu le soir... et les homosexuels sont rentrés 
        chez eux - quand ils n'avaient pas été raflés - en 
        vivant dans la peur pendant toute la guerre.
 Le 
        combat pour la reconnaissance de la déportation homosexuelle, qui 
        s'achève, est-il votre dernier combat de militant ?Non, c'est l'avant dernier ! Le dernier, c'est la 
        mise en place à Paris d'un Centre d'Archives et de 
        Documentation Homosexuelle[de Paris (CADHP)] 
        , sur lequel je travaille depuis deux ans.
 - Bertrand Delanoë l'a inscrit dans ses engagements de mandature, 
        on a commencé les négociations avec l'Hôtel de 
        ville, les choses avancent.
 - Le projet, ce serait presque de refaire un Centre Hirschfeld 
        à Paris, et de pouvoir rassembler toute la presse homosexuelle 
        depuis le début du siècle, tous les papiers associatifs 
        qui nous racontent cette histoire, d'avoir une vraie bibliothèque 
        culturelle gay et lesbienne, d'avoir un site Internet pour pouvoir accéder, 
        sans bouger de chez soi, à des documents importants de l'histoire 
        des homosexuels.
 - On aimerait avoir un rayonnage conséquent sur la question 
        lesbienne, qui est toujours passée à l'as, sur la 
        question transsexuelle aussi. Il y a une culturelle transsexuelle 
        depuis le début du XXe siècle, quand on parlait de troisième 
        sexe...
 - C'est un projet très important. On a un an et demi de phase de 
        préfiguration, et on va peut-être fusionner avec le projet 
        de Grand Centre Gay et Lesbien, et avec la Maison des 
        Associations et de Services Associatifs.
 - On pourrait imaginer un petit immeuble dans Paris, qui serait 
        un Centre d'Archives et de Documentation, et aussi un Centre 
        de Services pour les homosexuels, et les journalistes, les historiens, 
        les chercheurs...
 - Mais 
        il faut aussi des fonds privés et conséquents pour pouvoir 
        tenir le choc si on a des périodes sans subventions.
 Sur 
        un plan plus personnel, avez-vous dans l'idée d'écrire un 
        livre sur votre histoire de militant, et sur ce que vous avez vécu 
        ?Dis donc, ça c'est de l'intuition ! Oui, exactement. J'ai attrapé 
        le virus des bouquins.
 - J'ai déjà signé pour un prochain 
        livre où je raconte trente ans d'émancipation homosexuelle, 
        ce que j'ai fait de ces trente années, entre 20 ans et 50 ans, 
        comment j'ai vécu le SIDA, et les structures gays, et les 
        querelles, et les pressions politiques, négatives ou positives.
 - Je l'écris avec un historien et un sociologue qui posent, dans 
        chaque chapitre, le contexte social et culturel de ce que je raconte. 
        Ce sera une sorte de rapport d'activité. Il sortira dans 
        un an.
 . |  
   
    | 29 
      3 2001 : illico N° 26, page 12 > par JFL http://www.e-llico.com/content.php?section=actu&id=4
 |   
    
    | .Les pédophiles, boucs émissaires des 
        homos
 .
 Ancien co-fondateur 
        et rédacteur en chef de "Gai Pied", Jean 
        Le Bitoux, observateur engagé, 
        depuis les années 70, revient sur les rapports entre militants 
        homos et militants pédophiles. .
  
        Lenfant En 
        France, lhomosexualité vient dune culture pédophile 
        avec André Gide. - En 1968, il existait même un Comité 
        dAction Pédérastique Révolutionnaire.
 - Dans le discours du GLH à partir de 1975, il y 
        a tout un héritage du FHAR notamment sur la question 
        pédophile. A lépoque, il sagissait de libérer 
        son corps, libérer ses fantasmes. Il ne faut pas oublier quà 
        cette époque-là la majorité est à 21 ans, 
        ce qui est bien tard.
 - Dans les années 70 , tout est à libérer y compris 
        lenfant qui est corseté comme la femme, comme lhomosexuel.
 - Aujourdhui, on ne parle plus du tout du même enfant. Lenfant 
        des années 70 était lesclave dune vieille civilisation, 
        lenfant daujourdhui est extrêmement sacralisé.
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        Gai 
          Pied Cela 
        ne coulait pas de source pour tout le monde. - Jai régulièrement été inquiet, par 
        rapport à des articles relativement audacieux, de représailles 
        judiciaires.
 - Dans les années 70 déjà, la pédophilie est 
        un sujet tabou. Il y avait cependant une conscience collective quil 
        fallait libérer tout cela.
 - René Schérer [philosophe très engagé 
        en faveur de la pédophilie, ndlr] expliquait : pendant que tout 
        le monde se libère, il ne faut pas oublier lenfant.
 - Je crois, concernant "Gai Pied", 
        quest resté parfaitement gravé le souvenir de toutes 
        nos adolescences homosexuelles. Jai attendu 21 ans avant dêtre 
        majeur officiellement. Mon adolescence homosexuelle est passée 
        à la trappe.
 - Ces années ont été assez 
        douloureuses pour pas mal de gens de ma génération. Le tabou 
        de la pédophilie cache toute cette période où on 
        est adolescent, où on a des désirs mais où on reste 
        en carafe parce que rien nest possible. Cest cela dont 
        se souvient la génération de léquipe "Gai 
        Pied" à la fin des années 70.
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        Duvert Tony Duvert 
        [écrivain très engagé en faveur de la pédophilie, 
        ndlr] tenait une rubrique dans "Gai Pied" où 
        il affirmait : la question pédophile existe et certains gays sont 
        pédophobes et ils considèrent que lémancipation 
        des homosexuels se fera sur le dos des pédophiles. - On a inventé un homosexuel qui laisse de 
        côté la question pédophile.
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        Le 
           Coral La date symbolique 
        et funeste, cest 1982, celle de laffaire du Coral. 
        - La gauche est au pouvoir et lextrême droite 
        sort une affaire complètement farfelue, selon laquelle de grands 
        intellectuels de gauche et des politiques iraient visiter régulièrement 
        un centre pour jeunes ayant des difficultés psychologiques pour 
        y avoir des ébats.
 - Il y avait là une machination médiatico-politique qui 
        a fait peur à tout le monde.
 - Laffaire du Coral constitue 
        un arrêt, non pas de la pédophilie, mais de la réflexion 
        sur cette question.
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        Bouc 
          émissaire Aujourdhui, 
        je pense que les pédophiles sont toujours les boucs émissaires 
        des homosexuels. - Le débat nest plus du côté dun espace 
        de liberté que les pédophiles nont toujours pas 
        mais du côté de la jeunesse des homosexuels.
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