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Analyse Projet Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris APCADHP
citations à caractère critique, polémique, pédagogique et/ou scientifique des informations

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la sauvegarde des mémoires LGBTQ permet de préserver la vérité sur notre histoire

mai - juin 2005 > par la rédaction [ La Dixième Muse ] n° 14 page 12
http://www.ladixiememuse.com/

Le mag’ des filles qui aiment les filles
reçoit la sociologue Marie-Hélène Bourcier
à l’occasion de la parution de
Sexpolitiques Queer Zones 2
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Après Queer Zones politiques des identités sexuelles, des représentations et des savoirs (Balland 2001) qui retrace l'histoire de l'émergence de la théorie queer et de son développement, Marie-Hélène Bourcier revient avec Sexpolitiques Queer Zones 2.
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- Peux-tu nous rafraîchir la mémoire sur le mouvement Queer ?

- Dans les années 90, aux Etats-Unis principalement, les lesbiennes (De Lauretis, Butler et Gayle Rubin) font une entrée remarquée dans un féminisme orienté femme uniquement et plus très pro-sexe. Les pédés, les gouines, les SM, les féministes et lesbiennes noires critiquent l'eurocentrisme et le tour normatif que prennent à la fois le féminisme et les politiques gaies assimilationnistes (on est en plein dedans avec le mariage...).
- Se positionner comme queer, c'est opter pour la multiplicité des identités de genre, remettre l'accent sur les sexualités et leur dimension politique, tirer parti de notre potentiel pervers. Moralité beaucoup d'homosexuel(le)s ne sont pas queer et ne veulent pas l'être. Ce n'est donc pas une question de pratique sexuelle mais de culture politique et sexuelle.
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- Quand tu as achevé Queer Zones 1, avais-tu prévu une suite ou est-ce l'actualité qui t'a poussée à l'écriture ?

- Queer Zones 2 fonctionne comme Queer Zones 1. On y retrouve l'aspect boîte à outils nécessaire en France compte tenu de l'état de la nation sur le plan des traductions, de l'édition, de la production LGBT queer et féministe et post- coloniale.. D'où les notes plutôt riches mais qui sont autant de départs vers d'autres livres, marchent comme de véritables petits réservoirs de références et les pages à teneur définitionnelle et explicative. Des thèmes de prédilections comme les porn studies, la culture pop et les politiques de l'identité.
- On y retrouve aussi l'aspect intervention de Queer Zones 1, et là c'est vraiment l'actualité ou ce qui ne se passe pas qui me rend dingue. Le chapitre intitulé " Nique la Rep " est à la fois une réaction de révolte après le vote de la loi contre le voile l'année dernière mais aussi contre des dispositifs de savoir comme la commission Stasi. C'est aussi une tentative d'articulation typiquement queer entre les identités de race, sexuelles et de genre, non pour les lier entre elles par l'analyse mais parce qu'elles fonctionnent déjà de manière imbriquées.
- Sex and the city est la chronique d'une micro lutte politique pour les archives LGTQP (Lesbiennes Gaies Trans Queer Pute) qui dure depuis plus de 3 ans maintenant, avec les groupes Archilesb! Vigitrans puis ArchiQ.
- Jamais un travail politique ne m'a coûté aussi cher politiquement, financièrement (avec le procès Têtu que j'ai gagné mais qui va en appel...) et relationnellement. J'ai vu des amis très proches, des partenaires de travail que j'adorais trahir cette cause au moment du procès plus particulièrement mais pas seulement, et ça m'a vraiment fait douter de la manière dont on fait la politique minoritaire en France et de son utilité.
- Mais il fallait réagir, le projet du CADHP
[ Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ] était scandaleux et finalement peu ambitieux même s'il se la pétait... Arrogance, mépris et incompétence : trois ans après, on en est toujours là. Je me réjouis que les Verts demandent des comptes au prochain vote du Conseil de Paris quant à l'état d'avancement du projet [ de l'APCADHP ]. Mais que de temps perdu !
- " Zap la psy " : intervention encore, contre la psychanalyse lacanienne soi disant pro-queer et fondamentalement transphobe et voyeuriste et qui n'arrive toujours pas à se pencher sur ses fondements hétérocentrés. Ce niveau d'écriture existait déjà avec Queer Zones 2, avec l'engagement pour Baise-moi. C'est le plus épuisant et le plus coûteux, en énergie et en temps. Mais je ne suis pas une intellectuelle tout court et encore moins une intellectuelle de salon, il faut donc politiser et écrire avec et non sur.
- Pour répondre précisément à la question de départ, Queer zones est un processus d'écriture et d'intervention très mobile (c'est l'idée même de zones) qui n'a aucune raison de cesser. Il y a un Queer zones 3 en germe mais je ne sais pas si je le mènerai à terme. C'est trop fatiguant.
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- Pourquoi t'attaquer à la République ?

- La " Rep " plus précisément : c'est ce qu'a fait le républicanisme français de la République. C'est ce qui reste quand la République Française a gommé toutes les " différences " de sexe, de genre, de race et de classe. A partir du moment où la République se crispe sur un universalisme blanc hétérocentré quasi colonial, ce n'est pas tant qu'il faille l'attaquer qu'attirer l'attention sur les ressources politiques, identitaires et culturelles des pédés, des gouines, des trans, des minorités sexuelles, de genre et de race en général qui sont stigmatisées comme " communautaristes " en France.
- Là où ça devient queer, c'est qu'il faut également contrer I'homo républicanisme patent des " instances " LGBT qui " nous gouvernent " ou aimeraient bien le faire. J'ai nommé l'lnter LGBT, toutes les assoces noyautées par le PS, y compris Ni Putes Ni Soumises, sans parler du CADHP.
- La vision égalitaire républicaine est malhonnête et raciste y compris quand elle est propagée par les féministes blanches bourgeoises ou middle class ou des gays et des lesbiennes en quête de carrière politique traditionnelle, La bonne nouvelle c'est que les anormaux, les normaux manqués comme aurait dit Hocquenghem, les " autres ", à la conduite, aux moeurs inappropriées pour le républicanisme français sont prometteurs. A condition qu'ils puissent, qu'ils veuillent s'y mettre et jouir de vies et d'identités différentes.
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- Entre la télé, les cours à la fac, les conférences et l'écriture, comment géres-tu ton temps ?

- Mal. D'autant que je ne fétichise pas sur l'Ecriture à la française, l'écrit, le stylo... Pour moi, tout relève de la prise de parole et cette prise de parole est politique, à la fac comme sur Pink TV. Je m'exprime de la même manière dans mes billets d'humeur sur le Set que dans mes cours ou dans mes livres.
- Donc, j'ai besoin de tous ces aspects, d'autant que la vie universitaire française est misérable et vous ramolit un cerveau en moins de deux ans pas de moyens, pas de labo de recherche, pas d'espace, pas de stimulation, des mandarins peu de mandarines partout !
- Honnêtement, la première chose à lâcher, ce pourrait ètre la fac, n'était-ce l'envie de monter des départements queers et de travailler la culture populaire dans la France élitiste d'aujourd'hui. Sans vouloir être pessimiste, je crois que l'on n'y arrivera pas et c'est en partie par manque de volonté du côté des pédes et des gouines. Les cours d'obédience queer ouverts cette année à la fac de Lille III marchent à tout berzingue mais nous avons besoin d'un regroupement d'enseignants et de chercheurs.
- La solution est peut-être privée, dans le genre fondation. Avis aux Mécènes I D'autant que la fac ne doit pas être le seul lieu de savoir, vénéré comme tel et qu'elle se revèle inadéquate pour tirer parti des renversements d'expertise que nous devons encourager (côte LGTQS Lesbien Gai Trans Queer et Sex workers) de manière à ce qu'il génerent de la sub-culture, de l'entraide, des vies supplémentaires.
- Par ailleurs, je suis à la recherche d'une forme d'expression plus légère, plus immédiate, plus accessible. La lecture et l'écriture sont des activités solitaires et very time consuming. Je ne suis pas sûre que le livre soit un support d'avenir, d'autant qu'il reste difficile d'y intégrer les images, les films. Je suis très visuelle et lis tout ce que je regarde mais la plupart du temps, le livre dans sa forme classique ne me permet pas de le citer, de le donner à voir, de le faire recirculer.
- Je crois qu'on peut dire adieu au cyber livre compte tenu des obstacles actuels, et pourtant... En France, le livre est aussi capté par l'édition traditionnelle et il ne peut pas avoir les mêmes effets que dans les pays où l'underground et les sub-cultures sont organisés. Je pense notamment au cadrage sévère que subissent les autobiographies des minoritaires Je travaille donc sur des projets à quatre mains qui allieraient rapidité, richesse d'information et images Ce sera plus jouissif pour tout le monde, ce sera toujours aussi politique et ça me donnera du temps pour moi.


 

13 3 2006 > 100.000 euros envolés, 800.000 euros pour quoi faire ? Centre d'Archives Homosexuelles de la Ville de Paris : on ne change pas une équipe qui coûte ... [ ArchiQ ]
Suite aux déclarations de Mr Martinet, président de AP-CADHP ( Association de Préfiguration du Centre d'Archives Homosexuelles de Paris ) dans tetu.com, ArchiQ, groupe d'action et de réflexion sur les archives LGBTQ (ex Archilesb! et VigiTrans ) tient à préciser :
- que le Rapport / projet du CADHP n'a aucunement été expertisé ou validé par les Archives Départementales de la Ville de Paris et encore moins par les Archives Nationales ( et pour cause ... )
Non seulement l'AP - CADHP a échoué dans la mission qu'elle s'était confiée mais dans ce Rapport de préfiguration non validé scientifiquement, l'Association ose demander des financements pour les mêmes objectifs qui n'ont pas été atteints ( recrutement de l'équipe, concertation avec les associations et lieux - ressources ... ) et qui avaient été fixés pour 2003.
Le tout sans date d'ouverture pour le Centre d'Archives.
Mr Martinet ne répond pas sur l'aspect financier mais il est légitime de demander des comptes sur la gestion de la subvention de 100.000 euros de la Mairie de Paris ( dans sa partie salaires notamment ), sur le manque de résultats passés ( 2002 - 2005 ) et sur l'avenir du Centre.
A quoi ont servi les salariés ( [ Jean ] Le Bitoux, [ Patrick LaFollie ] La Folie ) chargé des acquisitions ou d'archiver sans archives ? Pourquoi ont-ils été renvoyés du CADHP ?
Combien va coûter la nouvelle phase de configuration du Centre d'Archives ? dans sa première phase étant entendu qu'elle ne saurait déboucher sur l'acquisition et l'ouverture d'un local, celles-ci ne constituant pas une priorité en phase configuration ( source Rapport AP CADHP ) ?
- le Rapport de l'AP - CADHP rédigé par la société de conseil CCMO créée en octobre 2004, dirigée par Olivier Maguet, spécialiste de santé et d'action sociale ( Aides, FAGG dont fait partie Jean Le Bitoux ) est fantaisiste sur le plan scientifique et la question des archives LGBTQ.
Constellé de perles, il est aussi gourmand : 100.000 euros pour ne rien faire, 820.000 euros pour recommencer la préfiguration opportunément renommée configuration.
C'est la somme que demande le rapport pour la phase 1 de configuration ( minimum deux ans ).
La dite configuration ne comprend ni l'ouverture d'un local ni l'ouverture du Centre au public mais débouchera sur l'ouverture d'un site Internet !
Les acquisitions d'archives n'y sont pas une priorité ( 10.000 euros de budget )  contrairement à un Colloque national ( 20.000 euros ) dédié à la constitution d'un thésaurus ( qui existe déjà ) et dont on imagine à quel point le sujet risque d'être attractif pour un public déjà peu sensible à la question des archives ( source Rapport AP CADHP ).
Alors on prend les mêmes et on recommence ?

10 3 2006 > Archives Homosexuelles : protestations contre la lenteur du projet [ tetu.com ]
ArchiQ, groupe d'action et de réflexion sur les archives LGBT ( ex- Archilesb! et Vigitrans ), proteste contre la lenteur du projet du Centre des mémoires LGBT Paris / Île-de-France [ Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ( CADHP ) ].
Dans un communiqué, ArchiQ attire l'attention sur le laxisme et la négligence dont la Mairie de Paris a fait preuve dans ce dossier et demande le remboursement de la subvention de 100.000 euros accordée à l'Association de Préfiguration du Centre [ d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ( AP CADHP ) ], ainsi que la démission de ses responsables.
- Depuis 2002, estime ArchiQ, nous n'avons cessé d'alerter la Mairie de Paris sur l'état de non avancement du projet. Rien n'a changé.
Stéphane Martinet, président de l'Association de Préfiguration, répond à Têtu que le statu quo ne provient pas de lui : le Centre est toujours en attente de la validation des Archives de France ( ministère de la Culture ), étape nécessaire à la validation d'une subvention, après avoir reçu la validation scientifique du projet par le Centre départemental des Archives de Paris.
- J'écris une lettre de relance, sans vouloir être trop méchant avec eux, avoue-t-il. Je découvre que dans le monde des archives, tout est toujours lent. C'est un autre temps.
Sans date d'ouverture prévue, le Centre nécessiterait une subvention annuelle de près de 400.000 euros, et n'ouvrirait dans un premier temps, celui de la configuration, que sa partie documentation.
Les archives proprement dites pourraient être accessibles deux ans plus tard.

10 3 2006 > Centre d'Archives Homosexuelles de Paris : ArchiQ demande la démission des responsables [ e-llico.com ]
Centre inexistant, argent public gaspillé : ArchiQ ( groupe d'action et de réflexion sur les archives LGBT ) demande le remboursement de la subvention accordée à l'AP-CADHP, l’Association de Préfiguration du Centre d’Archives [ et de Documentation ] Homosexuelles de Paris et la démission de ses responsables.
Opposant historique au projet de Centre d’Archives [ et de Documentation Homosexuelles de Paris de l'AP CADHP ] soutenu par la Mairie de Paris, ArchiQ parle de laxisme et de négligence dans la façon dont la Mairie de Paris a géré l’affaire.
Il faut dire que ce dossier semble véritablement empoisonné.
Valse et renvoi des personnes chargées de faire avancer les actions de préfiguration, retards répétés dans les étapes de validation du projet, polémique sur son orientation scientifique, communication minimum et peu compréhensible sur ses évolutions : tout a concouru à donner un sentiment de ratage d’un des projets emblématiques de la prise en compte de la question LGBT par l’équipe municipale élue en 2001.
Le Centre est actuellement dans l’attente de la validation des Archives de France qui dépendent du ministère de la Culture. 2003 était la date prévue d'ouverture du Centre à l'issue d'une phase dite de préfiguration alors qu’on parle désormais d’une ouverture en 2008.
La gestation du Centre d’Archives [ et de Documentation Homosexuelles de Paris de l'AP CADHP ] ne parvient pas à sortir de la polémique qui rebondit régulièrement comme cette dernière attaque en témoigne.
La mise en cause, d’abord communautaire, prend une tournure politique quand ArchiQ souligne l’appartenance partisane d’un des piliers du projet au PS et fait mine de s’interroger sur la sincérité de la promesse de Bertrand Delanoë quant à la création de ce fameux Centre.

9 3 2006 > Centre d'Archives Homosexuelles de la Ville de Paris : que fait la Mairie de Paris ? [ ArchiQ ]
Un Centre inexistant, l'argent public gaspillé : ArchiQ demande le remboursement de la subvention de 100.000 euros accordée à l'AP-CADHP ( Association de Préfiguration du Centre d'Archives [ et de Documentation ] Homosexuelles de Paris ) et la démission de ses responsables.
ArchiQ, groupe d'action et de réflexion sur les archives LGBTQ ( ex Archilesb! et VigiTrans ) demande à Bertrand Delanoë, Maire de Paris de prendre ses responsabilités concernant le projet de Centre d'Archives Homosexuelles de la ville de Paris, pour lequel l'association AP-CADHP, présidée par Stéphane Martinet ( PS adjoint au Maire du 11ème arrondissement de Paris ) a reçu de la Mairie de Paris une subvention de 100.000 euros en 2002.
ArchiQ attire l'attention sur le laxisme et la négligence dont la Mairie de Paris a fait preuve dans ce dossier :
- 2003 était la date prévue d'ouverture du centre à l'issue d'une phase dite de « préfiguration » dont l'association AP-CADHP avait la charge.
Après une préfiguration qui n'a rien donné et a duré deux ans de plus que prévu, l'AP-CADHP demande aujourd'hui une période de « configuration » deux fois plus longue et huit fois plus coûteuse pour une ouverture en 2008 :
- Des projections budgétaires de l'ordre de 800.000 euros sont prévues pour le premier volet de cette configuration.
Depuis 2002, date du lancement de la pétition d'Archilesb ! et de Vigitrans pour que le Centre d'archives devienne inclusif et paritaire et qu'il se dote d'un projet scientifique digne de ce nom, ArchiQ n'a cessé d'alerter la Mairie de Paris sur l'état de non avancement du projet.
Rien n'a changé. Les objectifs de la convention signée entre la Mairie de Paris et l'AP-CADHP n'ont pas été respectés.
Seuls résultats tangibles :
- un local jamais ouvert au public et qui n'a jamais reçu la moindre archive,
- une absence totale de concertation avec la communauté LGBTQ ( Lesbienne Gaie Bi Trans Queer ).
L'AP-CADHP a largement fait la preuve de son incompétence mais la Mairie de Paris a prouvé son peu d'intérêt pour un projet pédagogique, culturel et citoyen qui fait cruellement défaut et qui contribuera efficacement à la lutte informée contre les discriminations sexuelles, ethniques et de genre.
L'engagement de Bertrand Delanoë en pleine campagne électorale de 2001 en faveur de la création d'un Centre de Documentation et d'Archives [ Homosexuelles ] n'était-il donc qu'une promesse électorale ?
=> Contact Presse :
Pour toute information complémentaire et envoi des documents ( pièces comptables et financières ;
chronologie de l'état de non avancement du CADHP 2001-2006 ) :
- Marco Dell Omodarme < domarco[AT]free.fr > 06 70 83 77 01
- Marie-Hélène Bourcier < mhbourcier[AT]free.fr > 06 24 18 34 25

24 2 2006 > Têtu perd en appel dans son procès contre Marie-Hélène Bourcier [ Archilesb ! ]
Le 24 février 2006, La Cour d'Appel de Paris a de nouveau rejeté les prétentions du magazine Têtu et de ses rédacteurs en chef et Directeur de publication, Mr Doustaly, Mme Silberfeld et Mr Segot à l’encontre de la sociologue Marie-Hélène Bourcier, suite à un article paru dans le magazine suisse 360° ayant pour titre Paris brûle t-il ? [ consacré aux problèmes du projet de Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ] ( AP CADHP ) ].
Il était reproché à Marie-Hélène Bourcier d'avoir affirmé que Mme Silberfeld, journaliste du magazine Têtu était la lesbienne alibi de Têtu et qu'il suffit de voir comment le tout Paris rigole de raconter comme [ la journaliste ] n'a pas accès aux conférences de rédaction qui sont men only.
Têtu s'était désisté de sa plainte en diffamation contre le magazine 360° dès juillet 2003 mais l’avait maintenue à l’encontre de la seule personne de Marie-Hélène Bourcier.
Les plaignants avaient été déboutés une première fois de leur demande de voir condamner Marie-Hélène Bourcier pour diffamation par un jugement du Tribunal de Grande Instance du 15 septembre 2004.
Le Tribunal avait notamment estimé que Marie-Hélène Bourcier avait pu démontrer que la citation concernant la présence de Mme Silberfeld en conférence de rédaction avait été prononcée - lors des témoignages recueillis collectivement auprès des différentes personnes présentes - non par elle-même, mais par Mme Myriam Marzouk, salariée du magazine Têtu et membre d’Archilesb ! au moment des faits.
Le Tribunal avait également jugé que Marie-Hélène Bourcier, par ses propos sur l'exclusion des femmes des conférences de rédaction, cherchait de bonne foi à dénoncer l'hégémonie de la presse gay au détriment des lesbiennes et non à porter atteinte à l'honneur du magazine Têtu, ni à ses rédacteurs en chef.
=> Têtu : encore perdu !
Le magazine Têtu avait néanmoins interjeté appel par la voix de son nouvel avocat, Me Emmanuel Pierrat. La Cour d’Appel de Paris vient de juger cet appel irrecevable et a confirmé le jugement en première instance.
Marie-Hélène Bourcier tient à remercier son avocat, Me Yann Pedler, ainsi que toutes celles et ceux qui lui ont manifesté leur soutien à titre personnel, associatif et politique tout au long des trois années de procédure.

Février 2006 > Delanoë attaqué sur ses subventions [ Nous ( ex IB News ) ]
Françoise de Panafieu, principale rivale de Bertrand Delanoë pour les élections parisiennes de 2008, critique les subventions municipales aux associations gays.
La Ville de Paris est-elle trop généreuse avec les homos ? Qui touche et combien ? Nous a enquêté …
=> De Panafieu polémique
Il y a un an, l'UMP parisienne aurait sucré de son Paris perdu de Bertrand Delanoë les passages critiquant le clientélisme et le communautarisme supposés du maire socialiste.
Françoise de Panafieu, la roller-skateuse aux cheveux blancs ( dixit [ La nuit des petits couteaux de Jean-Luc ] Romero ), revigorée par les sondages qui la donnent la mieux placée à droite pour battre le PS en 2008, n'a pas les mêmes scrupules dans Mon Paris gagnant.
Citant des chiffres inexacts, la députée y affirme que les associations luttant contre la discrimination des homosexuels sont particulièrement gâtées et que la générosité du maire est à la mesure de la reconnaissance qu'il attend.
Annick Lepetit, porte-parole du PS, rétorque que Bertrand Delanoë est un élu responsable, soucieux de défendre les libertés, la tolérance et le respect de l'autre, tandis qu'Anne Hidalgo, sa première adjointe, rappelle que toute subvention donne lieu à un vote au Conseil de Paris [ communiqué du 11 1 2006 ].
Ce que l'UMP sait fort bien pour s'y être régulièrement opposée et avoir critiqué l'influence d'un omniprésent lobby gay

=> Paranoïa sur l'homosexualité
Tout aussi trompeuse est la liesse de nombreux gays qui acclament le nouveau maire sur le parvis de l'Hôtel de Ville, le 18 mars 2001.
Laurent Jagueneau, porte-parole de 3HVP ( la toute nouvelle association des employés municipaux gays [ Homosexuelles et des Homosexuels de l'Hôtel de Ville de Paris et leurs amis ] ), vit de l'intérieur la vague rose :
- C'est pire
, affirme t-il à notre confrère Illico. Beaucoup de gens ont cru que les gays allaient être protégés, alors ils se sont lâchés ; il y a eu une sorte de déchaînement homophobe dans certains services, encore soumis à la main-mise RPR.
Assiégé, le nouveau maire se contente de demander de faire remonter informations et témoignages à Philippe Lasnier, son conseiller-médiateur avec la communauté, ainsi qu'à Christophe Girard, adjoint à la Culture, tous deux homosexuels.
Dans une ambiance de paranoïa, le premier n'hésite pas à rappeler aux journalistes que les conversations téléphoniques sont enregistrées et que la mairie peut compter sur un performant service juridique, tandis que le second promet à ses contradicteurs, comme Delfeil de Ton, auteur d'un éditorial irrévérencieux dans Le Nouvel Observateur, qu'ils auraient affaire à la police communautaire Act-Up Paris et SOS Homophobie, affirme François Devoucoux du Buysson, responsable du site communautarisme.net et auteur d'un récent Pariscide : les gâchis de l'ère Delanoë.
=> Un million pour les gays en 5 ans
Cinq ans après, le point d'achoppement est toujours le même : Toutes les associations [ gays ] méritent-elles vraiment d'être encouragées et financièrement soutenues ?, se demande de Panafieu. Vaste question ! Depuis l'alternance, environ 1 million d'euros leur ont été dévolues. C'est mieux que zéro, mais pas beaucoup plus : 0,2 % du budget consacré au monde associatif parisien.
Devant ces critiques, la Ville, généralement affable sur son soutien aux homos, se croit aujourd'hui obligée de préciser que seules 17 structures avaient reçu en 2005 un montant de 247.000 euros.
Des sommes en concordance avec les étiages listés par le site satirique Notre Dame de Paris ( notre.dame.de.paris.free.fr ) : 45.740 euros pour le 2e semestre de 2001, 273.000 en 2002, 228.950 en 2003, une chute à 142.000 en 2004 et 15.000 depuis le début 2006.
Cependant, à y regarder de plus près, deux associations, le Centre d'Archives et de Documentation [ Homosexuelles de Paris ] ( CADHP ) et le Centre Gai & Lesbien [ de Paris ] ( CGL ) accaparent à elles seules près de la moitié des subsides gays et illustrent la dérive que connaissent les structures municipalisées ( lire encadré ).
- Cette bérézina a obligé la municipalité à reprendre les choses en main … quitte à renouer avec des pratiques autrefois vilipendées, comme attribuer des fonds à des organismes présidés par des adjoints au maire, dénonce François Devoucoux du Buysson. Et de regretter que la droite qui avait déjà stupidement voté cette première subvention [ au CADH, ndlr ] s'est ainsi privée de la meilleure occasion à ce jour de confondre Bertrand Delanoë en pointant le décalage entre son discours sur l'éthique publique et ses pratiques de réseau.
=> Les chouchous … et les autres
Et, en effet, les soupçons de copinage n'épargnent pas son adjoint Christophe Girard depuis le financement de structures dont il fut président ( 84.000 euros pour le Festival du Film Gai & Lesbien [ Festival de Films Gays & Lesbiens de Paris ( FFGLP ) ] ) ou membre ( 13.550 euros pour SOS Homophobie, 28.700 pour ProChoix et 32.000 euros avec le ministère de la Santé pour Act-Up Paris qui montrera, en perturbant une Conférence sur la santé gay à l'Hôtel de Ville en novembre 2005, qu'elle n'a décidément pas la reconnaissance du ventre … ).
Inversement, pour ceux qui ne font pas partie du sérail, obtenir ne serait-ce qu'un rendez-vous avec le conseiller-médiateur relève du parcours du combattant.
En juillet 2001, Cineffable, organisatrice de 13 éditions du festival Quand les lesbiennes se font du cinéma, lequel accueille entre 7.000 et 9.000 spectatrices, doit patienter plusieurs mois avant d'être reçue, non par Philippe Lasnier, mais 5 minutes par la Directrice du service cinéma de la mairie.
L'association, qui ne demandait pas grand-chose, si ce n'est le prêt d'une salle, se voit conseiller de remplir un dossier de subvention qui permettrait de louer un lieu plus cher.
=> Saupoudrage financier
La subvention est finalement refusée à la fois par manque de budget et parce que l'événement est non-mixte.
- On se demande si [ cet ] argument avancé par Philippe Lasnier, relève de la mauvaise foi pure et simple, de la misogynie où d'une lesbophobie qui n'ose pas dire son nom, lâche alors l'historienne féministe Marie-Jo Bonnet.
- Il suffit de comparer les subventions allouées au mouvement gay [ masculin, ndlr ] pour comprendre que la disparité est enracinée jusque dans le domaine économique.
Ce n'est que la mobilisation du gratin goudou, alors très remonté contre le « sexisme » du projet-phare de CADHP, qui fait fléchir la mairie, laquelle fait voter deux fois 15.000 euros à Cineffable, plus 10.000 pour Archilesb! [ en réalité pour l'association Archives, Recherches et Cultures Lesbiennes ( ARCL ) ].
La Fédération Sportive Gaie et Lesbienne ( FSGL ) connaît pareille mésaventure, malgré ses entrées à la mairie ( Philippe Lasnier fut président du club gay Paris Aquatique ).
Car il ne s'agit plus de saupoudrer 4.000 euros mais de contribuer à un projet de 11 millions ...
- Réalisme et grande prudence par rapport au budget total impliqué deviennent de rigueur, d'autant qu'aucun événement gay ne manie un tel budget
Du coup, l'aide municipale se limite à une lettre de bonnes intentions du Mr. Gay puis, très tardivement, du maire. Mais pas d'argent public, à cause de la frilosité et la réticence des sponsors privés vis-à-vis de la cible gay !
=> Les bobos virent à droite
Cet argument, combiné à la baisse de popularité de Bertrand Delanoë chez les bourgeois bohèmes qui l'ont élu ( moins 18 points depuis 2003 ) tendrait à confirmer la constatation que fait Devoucoux du Buysson ( et vraisemblablement aussi de Panafieu ) :
- Un homosexuel bourgeois ressemble de plus en plus à un bourgeois homosexuel en vieillissant et il est probable que les électeurs parisiens qui s'identifient au mouvement gay se montreront plus sensibles aux arguments politiques leur permettant de valoriser leur patrimoine immobilier et d'alléger leur fiscalité qu'à des controverses relatives à des droits qu'ils ne sont qu'une minorité à réclamer, comme le mariage ou l'adoption.
Dit simplement : à voter à droite.
Par ailleurs, en finançant la vieille garde associative plutôt que des événements fun, Bertrand Delanoë prend le risque de s'aliéner la part la plus jeune de l'électorat gay, qui le crédite encore de 78 % de confiance pour faire avancer l'égalité des droits. Mais qu'en sera-t-il en 2008 ?
La dérive des centres municipalisés
Annoncé pour 2003, le Centre d'Archives et de Documentation [ Homosexuelles de Paris ] ( CADHP ) est repoussé à 2007 tandis que le Centre Gai & Lesbien [ de Paris ] ( CGL ) cumulera le même retard lorsqu'il aménagera dans ses nouveaux locaux en juin [ projet de Grand Centre LGBT de Paris île de France ].
Le fait que le CADHP ait dilapidé 100.000 euros en salaires, loyers et charges externes fait bondir Michel Chomarat, initiateur avec la mairie PS de Lyon d'un projet similaire [ à la Bibliothèque Municipale de Lyon ], qui a abouti plus rapidement et pour moins cher :
- On croit rêver face à l'incurie récurrente et au manque de contrôle manifeste des deniers publics. Comment en est-on arrivé à ce point d'amateurisme et de copinage ?
Pour Marie-Hélène Bourcier, d'Archilesb!, il s'agit ni plus ni moins que de réaliser une promesse électorale à n'importe quel prix, soit 820.000 euros d'ici 2007, puis 334.300 par an.
Du coup, pour partager les risques, on sollicite le ministère de la Culture tout en conservant une solution de repli : associer le CADHP au CGL.
Le problème est que cet autre canard boiteux, qui doit 47.000 euros à un salarié, est en quasi-faillite malgré des perfusions municipales de 330.490 euros depuis 2001 …

12 4 2005 > par Marie-Hélène Bourcier [ SexPolitiques - Queer Zones 2 ] éditions La Fabrique
http://www.lafabrique.fr/ admin/lafabrique.php? action=livre&id=40
http://www.lafabrique.fr/ article_auteurs.php3? id_article=85

ISBN 2-913372-44-9 : avril 2005
320 pages : format 13 x 20 cm

SEXPOLITIQUES
Queer Zones 2
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Avec Sexpolitiques, Queer Zones 2, Marie-Hélène Bourcier récidive et reprend là où elle nous avait laissé trois ans plus tôt : sur cette zone mobile et brûlante qu’est la frontière entre la sexualité, les genres, la race et l’espace public.

Jamais le sujet n’a semblé plus pressant.

À l’heure du mariage gai et du gay friendly, Bourcier frappe fort avec comme cible première : la république, ou plutôt ce qu’il en reste, « la Rep », avec son hétérocentrisme et son racisme vicéral.

Derrière la Rep rose, c’est l’homonormalité bon teint qui se dresse, derrière la Rep de l’intégration, c’est l’impudence post-coloniale qui continue de dépolitiser ou de victimiser les minorités sexuelles, de genre et ethniques.

Mais alors que pour les Américains, la politique des différences et des post-identités peut espérer contrecarrer l’évangéliste Bush, l’auteur montre qu’en France, c’est l’élitisme idéologique faux-fuyant du régime républicain assorti d’un intellectualisme prudent qui domine et bloque les minorités et les politiques respectueuses de la diversité.

Bourcier propose donc une impitoyable généalogie des maîtres et des savoirs en chef, n’épargnant ni Bourdieu (et ses blocages antiféministes) ni la reine psychanalyse, ou encore le lesbianisme radical qui méconnaît les bienfaits des concerts de Madonna en frac.

Et quand l’auteur évoque Foucault, ce n’est pas l’intégrale, l’intégriste, le souci de soi ou un Foucault momifié et béatifié qui émerge, mais un Foucault actualisé, hybride, cyborguisé, d’autant plus séducteur et politique.
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Une des forces de ce livre consiste à surimposer les espaces de controverse pour faire émerger les aberrations identitaires qui nourrissent tant les prétentions politiciennes classiques que les revendications gaies et lesbiennes.

Mais Bourcier n’oublie pas de visibiliser les subcultures émergentes, les nouvelles formes de résistance politico-sexuelles, la révolte des anormaux, la post-pornographie, les masculinités, les féminités et les nouveaux corps qui surgissent dans un monde décidément trop étroit.

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Marie-Hélène Bourcier est sociologue, activiste queer et maître de conférences chargée de recherches à l’université de Lille III et à l’EHESS (Cadis).

Elle est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur la théorie queer, les subcultures sexuelles et les minorités en France et à l’étranger.

Elle est également chroniqueuse sur Pink TV.

Dernier ouvrage publié : Queer Zones, politiques des identités sexuelles, des représentations et des savoirs, Balland, 2001.


mai - juin 2005 > par la rédaction [ La Dixième Muse ] n° 14 page 12
http://www.ladixiememuse.com/

Le mag’ des filles qui aiment les filles
reçoit la sociologue Marie-Hélène Bourcier
à l’occasion de la parution de
Sexpolitiques Queer Zones 2
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Après Queer Zones politiques des identités sexuelles, des représentations et des savoirs (Balland 2001) qui retrace l'histoire de l'émergence de la théorie queer et de son développement, Marie-Hélène Bourcier revient avec Sexpolitiques Queer Zones 2.
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- Peux-tu nous rafraîchir la mémoire sur le mouvement Queer ?

- Dans les années 90, aux Etats-Unis principalement, les lesbiennes (De Lauretis, Butler et Gayle Rubin) font une entrée remarquée dans un féminisme orienté femme uniquement et plus très pro-sexe. Les pédés, les gouines, les SM, les féministes et lesbiennes noires critiquent l'eurocentrisme et le tour normatif que prennent à la fois le féminisme et les politiques gaies assimilationnistes (on est en plein dedans avec le mariage...).
- Se positionner comme queer, c'est opter pour la multiplicité des identités de genre, remettre l'accent sur les sexualités et leur dimension politique, tirer parti de notre potentiel pervers. Moralité beaucoup d'homosexuel(le)s ne sont pas queer et ne veulent pas l'être. Ce n'est donc pas une question de pratique sexuelle mais de culture politique et sexuelle.
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- Quand tu as achevé Queer Zones 1, avais-tu prévu une suite ou est-ce l'actualité qui t'a poussée à l'écriture ?

- Queer Zones 2 fonctionne comme Queer Zones 1. On y retrouve l'aspect boîte à outils nécessaire en France compte tenu de l'état de la nation sur le plan des traductions, de l'édition, de la production LGBT queer et féministe et post- coloniale.. D'où les notes plutôt riches mais qui sont autant de départs vers d'autres livres, marchent comme de véritables petits réservoirs de références et les pages à teneur définitionnelle et explicative. Des thèmes de prédilections comme les porn studies, la culture pop et les politiques de l'identité.
- On y retrouve aussi l'aspect intervention de Queer Zones 1, et là c'est vraiment l'actualité ou ce qui ne se passe pas qui me rend dingue. Le chapitre intitulé " Nique la Rep " est à la fois une réaction de révolte après le vote de la loi contre le voile l'année dernière mais aussi contre des dispositifs de savoir comme la commission Stasi. C'est aussi une tentative d'articulation typiquement queer entre les identités de race, sexuelles et de genre, non pour les lier entre elles par l'analyse mais parce qu'elles fonctionnent déjà de manière imbriquées.
- Sex and the city est la chronique d'une micro lutte politique pour les archives LGTQP (Lesbiennes Gaies Trans Queer Pute) qui dure depuis plus de 3 ans maintenant, avec les groupes Archilesb! Vigitrans puis ArchiQ.
- Jamais un travail politique ne m'a coûté aussi cher politiquement, financièrement (avec le procès Têtu que j'ai gagné mais qui va en appel...) et relationnellement. J'ai vu des amis très proches, des partenaires de travail que j'adorais trahir cette cause au moment du procès plus particulièrement mais pas seulement, et ça m'a vraiment fait douter de la manière dont on fait la politique minoritaire en France et de son utilité.
- Mais il fallait réagir, le projet du CADHP
[ Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ] était scandaleux et finalement peu ambitieux même s'il se la pétait... Arrogance, mépris et incompétence : trois ans après, on en est toujours là. Je me réjouis que les Verts demandent des comptes au prochain vote du Conseil de Paris quant à l'état d'avancement du projet [ de l'APCADHP ]. Mais que de temps perdu !
- " Zap la psy " : intervention encore, contre la psychanalyse lacanienne soi disant pro-queer et fondamentalement transphobe et voyeuriste et qui n'arrive toujours pas à se pencher sur ses fondements hétérocentrés. Ce niveau d'écriture existait déjà avec Queer Zones 2, avec l'engagement pour Baise-moi. C'est le plus épuisant et le plus coûteux, en énergie et en temps. Mais je ne suis pas une intellectuelle tout court et encore moins une intellectuelle de salon, il faut donc politiser et écrire avec et non sur.
- Pour répondre précisément à la question de départ, Queer zones est un processus d'écriture et d'intervention très mobile (c'est l'idée même de zones) qui n'a aucune raison de cesser. Il y a un Queer zones 3 en germe mais je ne sais pas si je le mènerai à terme. C'est trop fatiguant.
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- Pourquoi t'attaquer à la République ?

- La " Rep " plus précisément : c'est ce qu'a fait le républicanisme français de la République. C'est ce qui reste quand la République Française a gommé toutes les " différences " de sexe, de genre, de race et de classe. A partir du moment où la République se crispe sur un universalisme blanc hétérocentré quasi colonial, ce n'est pas tant qu'il faille l'attaquer qu'attirer l'attention sur les ressources politiques, identitaires et culturelles des pédés, des gouines, des trans, des minorités sexuelles, de genre et de race en général qui sont stigmatisées comme " communautaristes " en France.
- Là où ça devient queer, c'est qu'il faut également contrer I'homo républicanisme patent des " instances " LGBT qui " nous gouvernent " ou aimeraient bien le faire. J'ai nommé l'lnter LGBT, toutes les assoces noyautées par le PS, y compris Ni Putes Ni Soumises, sans parler du CADHP.
- La vision égalitaire républicaine est malhonnête et raciste y compris quand elle est propagée par les féministes blanches bourgeoises ou middle class ou des gays et des lesbiennes en quête de carrière politique traditionnelle, La bonne nouvelle c'est que les anormaux, les normaux manqués comme aurait dit Hocquenghem, les " autres ", à la conduite, aux moeurs inappropriées pour le républicanisme français sont prometteurs. A condition qu'ils puissent, qu'ils veuillent s'y mettre et jouir de vies et d'identités différentes.
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- Entre la télé, les cours à la fac, les conférences et l'écriture, comment géres-tu ton temps ?

- Mal. D'autant que je ne fétichise pas sur l'Ecriture à la française, l'écrit, le stylo... Pour moi, tout relève de la prise de parole et cette prise de parole est politique, à la fac comme sur Pink TV. Je m'exprime de la même manière dans mes billets d'humeur sur le Set que dans mes cours ou dans mes livres.
- Donc, j'ai besoin de tous ces aspects, d'autant que la vie universitaire française est misérable et vous ramolit un cerveau en moins de deux ans pas de moyens, pas de labo de recherche, pas d'espace, pas de stimulation, des mandarins peu de mandarines partout !
- Honnêtement, la première chose à lâcher, ce pourrait ètre la fac, n'était-ce l'envie de monter des départements queers et de travailler la culture populaire dans la France élitiste d'aujourd'hui. Sans vouloir être pessimiste, je crois que l'on n'y arrivera pas et c'est en partie par manque de volonté du côté des pédes et des gouines. Les cours d'obédience queer ouverts cette année à la fac de Lille III marchent à tout berzingue mais nous avons besoin d'un regroupement d'enseignants et de chercheurs.
- La solution est peut-être privée, dans le genre fondation. Avis aux Mécènes I D'autant que la fac ne doit pas être le seul lieu de savoir, vénéré comme tel et qu'elle se revèle inadéquate pour tirer parti des renversements d'expertise que nous devons encourager (côte LGTQS Lesbien Gai Trans Queer et Sex workers) de manière à ce qu'il génerent de la sub-culture, de l'entraide, des vies supplémentaires.
- Par ailleurs, je suis à la recherche d'une forme d'expression plus légère, plus immédiate, plus accessible. La lecture et l'écriture sont des activités solitaires et very time consuming. Je ne suis pas sûre que le livre soit un support d'avenir, d'autant qu'il reste difficile d'y intégrer les images, les films. Je suis très visuelle et lis tout ce que je regarde mais la plupart du temps, le livre dans sa forme classique ne me permet pas de le citer, de le donner à voir, de le faire recirculer.
- Je crois qu'on peut dire adieu au cyber livre compte tenu des obstacles actuels, et pourtant... En France, le livre est aussi capté par l'édition traditionnelle et il ne peut pas avoir les mêmes effets que dans les pays où l'underground et les sub-cultures sont organisés. Je pense notamment au cadrage sévère que subissent les autobiographies des minoritaires Je travaille donc sur des projets à quatre mains qui allieraient rapidité, richesse d'information et images Ce sera plus jouissif pour tout le monde, ce sera toujours aussi politique et ça me donnera du temps pour moi.


27 4 2005 > par Lionel Duroi [ gayvox.com ]
http://www.gayvox.com/ gay/index.php? gays=1&lesbienne=13 &rencontre=1838

Sexpolitiques : Queer Zones 2
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Marie-Hélène Bourcier vient de nous sortir un livre qui fait réfléchir chez La Fabrique Editions. Comme c’est assez rare en terre PDland, je le souligne.

Sociologue, maître de conférences, Marie-Hélène Bourcier (MHB) a parfois tendance à oublier que tout le monde n’est pas rompu au jargon universitaire de la matière qu’elle traite. Cela dit, le style de MHB se digère comme une langue étrangère.

Passées les 35 premières pages ( rassurez-vous, il y en a 300 ! ), on finit par ne plus s’arrêter sur les mots qui heurtent notre niveau de référence. Et quand tout à coup quelques phrases avec des mots simples s’infiltrent dans notre crâne, tout devient clair et précis. La démonstration devient tout à coup redoutablement efficace. Même les pages que vous avez pu lire sans vraiment les comprendre retrouvent du sens.

C’est bien là l’essentiel. Ces fulgurances vous aident à poursuivre. Et quand vous refermez le livre, vous avez envie de le relire. A la fois pour vérifier que vous avez bien capté et vous gorger de cette réflexion qui lézarde par endroit vos certitudes.
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Pour vous en convaincre rapidement, allez lire la page 64 : ... les « p’tits gars des mauvais quartiers » jouent à fond la performance de la masculinité hétéro. Homophobes, oui, parce que contraint à l’hétérosexualité et à l’hétéromasculinité.

Le jour où l’on comprendra que l’hétérocentrisme tue et que « l’homophobie », la « lesbophobie », la « transphobie » mais aussi et peut-être surtout la « genrophobie » ne sont pas des phobies mais des formes de formes de savoir straight surplombantes qui visent à discipliner les identités sexuelles et de genres déviantes, on arrêtera peut-être de confier la lutte contre l’homophobie à Perben et celles contre les discriminations à je ne sais quelle Haute Autorité contre les discriminations dont la préparation a été supervisée par… Stasi.

Et ainsi de suite page 101 où le CADHP ( Centre d’Archives et de Documentation Homosexuel de la ville de Paris ) occupe une place de choix dans l’analyse de MHB. On peut même dire que le CADHP a valeur d’exemple illustratif.

Page 112 vous aurez le loisir de reconsidérer la pertinence de l’archivage des documents issus des pervers …

Page 119, Bourdieu et retravaillé au corps comme un Dominator …

Page 140, vous fricoterez avec les Maudites Femelles …
Page 175, les filles et le porno … pour une nouvelle façon d’envisager un autre regard sur la question ...

Page 179, vous ne serez pas surpris d’apprendre que le trou du cul est quand même la chose la mieux partagée ...
Page 183, l’art et la bite sont revisités …

Page 193, il est question de ce qu’est la victimisation. Tout un aspect de la question qu’il est visiblement urgent de repenser.

Page 2005, petit retour sur l’affaire du film : Baise-moi. Les auteurs, analyse MHB, font subir à l’expression « Baise-moi » ce que les lesbiennes, les gais ou les trans ont infligé à des termes initialement injurieux comme « pédés », « gouines » ou « queer ».

En s’emparant de la sentence porno, en la faisant tomber, elles ont déstabilisé l’identité même de la femme/pute qu’elle indique et les privilèges de la masculinité dominante : parce que « baise-moi » veut dire à la fois « fuck me ! » et « fuck off ! » ( « baise-moi ! » et « fous moi la paix ! » ).

Enfin, page 242, une petite analyse sur le sens de l’insulte et de son appropriation.

A lire sans attendre une loi contre l’homophobie …


 

 
 

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